Après les avoir tant attendus – le soleil et son corolaire, la chaleur -, et à peine une semaine après les avoir enfin eus, nous en sommes tous là ! A vouloir mettre les pieds dans l’eau pour faire un tant soi peu diminuer la température de notre corps absorbant… Peu importe le costume ou le tailleur, la chaleur bannit les réserves sociales ! Pour ceux qui n’ont pas la mer à portée de pieds, les villes regorgent de canaux, bassins et de fontaines publics, pris d’assaut dès les premières heures de la journée ! En dépit de toute règle élémentaire d’hygiène, on s’y jette, on s’y noie, on y boit la tasse, on s’y asperge dans une allégresse quasi juvénile, avant de s’allonger sur une serviette de plage comme si on y était… De doux moments de légèreté pour compenser la lourdeur atmosphérique !
Métaphore de bord de mer… Vivre, n’est-ce pas avoir encore à l’esprit ce qui s’est passé, et ce qui fait notre instant, notre présent, ce moment où nous sommes vraiment là, tout en anticipant ce qui va se passer ? Parfois, la trajectoire change en cours de route. De petits décalages en émergent. On s’éloigne, on se rapproche de soi, un peu comme la marée de la terre. Un vrai jeu de cache-cache à découvert…
Une image vaguement approximative, nettement floue… C’est un peu ce à quoi ressemblent ces lointains souvenirs que l’on traque parfois, en réalisant qu’ils sont bien peu nombreux à avoir passé les années… Et que finalement, l’on ne se souvient pas de grand chose de cette enfance ou de telle autre période de notre existence passée. Sont-ils malgré tout enfouis quelque part, prêts à jaillir à la moindre madeleine ? Dans des cartons peut-être ? Ceux-là même qui ont été conservés, par bonté, dans un placard du fond, dans un grenier poussiéreux de la maison familiale, et qui couvent lettres, cahiers d’école, dessins, cartes postales, bracelet, tickets de cinéma, peluches, cours, entrées de musée, rêves…
Même si on finit par les oublier, on sait qu’ils sont là, quelque part, à portée de main. Plus que de simples papiers, de simples gadgets, c’est véritablement notre histoire qu’ils abritent. C’est rassurant de savoir qu’il existe un amoncellement de ces petites choses très matérielles qui nous permettent de reconstituer ce que nous avons été. Elles sont l’antisèche de notre mémoire faillible. Tout se complique quand ces cartons sont désignés persona non grata. Deux solutions : soit on les emporte avec soi, pour préserver ces tranches de vie encore quelques années ; soit on décide de s’en séparer, car, objectivement, on se dit que ces « objets » n’ont jamais servi depuis qu’ils ont été placardisés et qu’il n’y a donc aucune raison qu’ils soient plus utiles aujourd’hui. Le premier choix nécessite de trouver, concrètement, de la place ailleurs. Le second nécessite d’en trouver en nous, à moins de nous couper à jamais d’une partie de notre vie. Et c’est une étrange sensation de réaliser qu’alors, cette mémoire partielle voire partiale sera notre unique moyen de nous souvenir de tout ce que nous avons fait et été.
Le ponton, mobilier typique de la ville en bordure de mer. Un lieu de pèlerinage où se pressent les promeneurs du dimanche pour lesquels le phare parfois posé en son extrémité devient un objectif de visite. On le parcourt dans un sens, en regardant l’eau osciller entre les lattes de bois qui le constitue tout en ayant l’illusion d’avancer sur l’eau. Puis, arrivé au bout, on n’a d’autre choix que de rebrousser chemin et de voir se rapprocher la cité temporairement délaissée. A moins de changer de point de vue et d’aller arpenter les dessous de cet enchevêtrement organisé de poutres et de planches verdies par les algues amenées par les marées. Ambiance. Les voix et bruits de pas sur les planches sont remplacées par le clapotis de l’eau sur le bois, l’horizon lointain se transforme en un point où convergent tous les regards, le monde se transforme en solitude, le vide se meut en une forme abstraite de lignes qui se croisent et occupent tout l’espace… Un tout autre univers à quelques centimètres…
Après s’être déchaînée contre lui, la Nature fait corps avec l’Homme. Par sa partie pensante. La tête… Ainsi au fil des siècles, le vent, l’eau et l’érosion auront-ils réussi à sculpter la falaise à l’image de ceux qui l’observent depuis leurs vaisseaux, accoudés au bastingage, leurs songes emportés par les flots. Une tête fière, légèrement prognathe comme pour mieux affirmer sa puissance de roc, sa force de caractère. Mais un sourire surtout, un très long sourire qui semble annoncer au voyageur une chaleureuse bienvenue…
… et savoureux. Mais un combat contre quoi ? contre qui ? Contre l’enchaînement des événements ? Contre le déchaînement des éléments ? Contre le temps, finalement, encore et toujours… On a beau voir les vagues venir, s’avancer inlassablement vers la côte avec la houle comme un escadron de fantassins bien remontés, on ne sait jamais quel spectacle elles vont offrir en se heurtant à la digue. Il y a, en théorie, tout un protocole à respecter lorsque l’on s’attaque aux eaux internationales se mouvant avec des idées pacifistes clamées haut et fort… Le regard choisit une vague, décide qu’elle a un fort potentiel explosif et la suit seconde après seconde avec une excitation certaine. Car, soyons clair, par jour de grande marée, ce que le regard attend, ce que le corps attend, c’est la puissance, la force de l’eau contre la terre, la bataille de la Nature contre les murs que l’homme a érigés pour s’en protéger. Quand il devient certain que la vague élue fera bien ce que l’on attend d’elle, commence alors la négociation, celle de la distance à garder entre toutes choses pour que chacune soit respectée… La marge de manœuvre est ténue, regard et corps s’approchent de la frontière, l’apprivoisent pas à pas, car ce qu’ils veulent sentir, voir, saisir au plus près, c’est le contact, la confrontation, la dispersion, ce moment où l’eau est arrêtée net dans sa course par la pierre solidaire et se mue instantanément en main de fer pour aller s’échouer dans un sublime fracas sur le sol…
Un grand-père promenant son petit-fils venu pour le week-end. Probablement parisien et apprenti penseur, en attestent sa marinière, ses bottes et la position de son bras dans le dos. Une mer plate, un ciel bleu et deux voiliers a l’horizon – un grand, un petit – pour parfaire le cliché. Il est parfois agréable de pouvoir se reposer sur des valeurs sûres…
Il n’est pas évident, de nos jours, de prendre les inconnus en photo tout en ayant l’intention de rendre leur image publique… Le droit à l’image, dont nous sommes tous heureux de pouvoir bénéficier individuellement, a sensiblement changé la donne de la photo « humaniste » ou de l’instant. L’image animée n’est, bien sûr, pas en reste. Rapidement, des parades ont été trouvées pour pouvoir utiliser ces images, malgré ce droit de chacun à disposer de la représentation de lui-même : des zones de flou ou pixelisées sont apparues sur des visages reconnaissables, puis ont été rajoutées sur les logos ou toute évocation de marque pour limiter toute suggestion publicitaire inconsciente aux « regardants »…
La stricte application de la loi a conduit à des images entièrement floutées, donc totalement absurdes car dépouillées de leur signification. A quoi sert l’image si elle ne montre plus rien ? A contrario, pouvoir lire sur certains réseaux sociaux que untel a été identifié sur telle photo, dont il ne connaît peut-être pas l’existence, est tout aussi angoissant. « Identifié », un mot qui relève clairement du vocabulaire policier, comme si un méfait avait été commis, comme si la traque était lancée… Mais la traque de quoi ? De la vie des autres ? Finalement, le droit à l’image a peut-être du bon… Et ce n’est pas ma baigneuse volontairement étêtée pour éviter tout litige qui s’en plaindra !
Les déambulations sur la plage réservent toujours des surprises… Quand le marcheur aux aguets en repère une, une partie de lui devient le chercheur d’or qui aurait trouvé sa pépite… D’abord, le soulagement après une quête qui a pu durer des heures : quelque chose d’étonnant s’est enfin présenté à l’horizon. Ensuite, la phase d’observation : il entame alors une danse du vent autour de la chose en question pour vérifier qu’il ne s’agisse pas d’une vulgaire copie. Puis vient le doute : est-ce vraiment une plante ? Un doute suivi d’innombrables questions sans réponse : que fait cette plante esseulée sur cette plage normande ? de la résistance ? comment est-elle arrivée là ? y en a-t-il d’autres un peu plus loin ? Les hypothèses défilent : elle a poussé toute seule comme par enchantement ; elle a été plantée par une personne qui déménageait et n’avait plus assez de place pour l’accueillir dans sa nouvelle demeure, ou par un cinéaste en herbe caché derrière le tas de sable là-bas et récoltant les réactions des promeneurs ; elle a déserté l’horticulteur terrien qui l’avait fait naître pour changer de paysage, et se faire une virée en mer, qu’elle n’avait jamais vue… Et à nouveau une question le taraude : la laissera-t-on grandir tranquillement ? Sa pépite en boîte et ses questions en suspens, le marcheur repart, bien décidé à montrer à tous sa dernière trouvaille !
… et du ciel bleu, comme tout lundi qui se respecte. Evidemment, certaines personnes n’aiment pas le lundi. Notamment car c’est le jour de retour au travail. Je leur ferais donc une toute petite suggestion : qu’elles fassent débuter leur semaine au dimanche. Par un jour chômé donc. Changement total de perspective ! Cette légère translation, qui vaut ce qu’elle vaut, ne devrait gêner personne par ailleurs.
Certains ont ainsi des jours préférés, un peu comme avec les parfums de glace ou la forme des escaliers… Ce n’est pas mon cas, bien que j’apprécie particulièrement les escaliers en colimaçon en fer forgé. Personnellement, et là, j’assume totalement mon fayotage auprès du Maître du temps : j’adore les lundis, les mardis aussi, les mercredis, les jeudis… bref, tous les jours de la semaine, qu’il fasse beau, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente… bref, par tous temps. En revanche, j’ai un léger différend avec lui sur la perception du temps qui passe. Là, il faut bien l’avouer, c’est l’anarchie la plus totale ; je dirais même plus : c’est le chaos ! C’est vrai, une journée fait 24 heures quoi qu’il arrive, pas une seconde de plus ou de moins ! Alors, comment expliquer que certains jours semblent s’éterniser quand d’autres, filent à la vitesse de la lumière ? Tout dépend de ce que l’on fait, me dira-t-on ! Certes, mais ce n’est pas si simple : ne rien faire peut aussi passer très vite… Il y a là quelque mystère à élucider… Mais pas aujourd’hui !
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Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…
Fuir, s’évader, s’éloigner, s’isoler, se sauver, s’éclipser, se retirer de cette obscure et incompréhensible folie humaine, au sommet d’une montagne, au bout d’une vallée, sur une île isolée, pour se détacher de tout, pour se détacher de tous, et vivre enfin en paix (avec soi-même), ce serait humain que de l’imaginer, non ? Oui, même […]