Photo-graphies et un peu plus…

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A l’origine, si je me suis approchée de ces anciennes Halles reimoises, c’est pour leur architecture étonnante me rappelant vaguement celle du CNIT à La Défense, ainsi que pour leur désespérant – et en même temps, attirant – état de délabrement et d’abandon. Pour une raison qui m’est encore obscure, j’aime ces bâtiments, maisons, immeubles qui semblent être passés à deux doigts de l’apocalypse. Ce n’est pourtant pas cet aspect-là qui me revient à l’esprit aujourd’hui dans ce face-à-face avec cette image. Ce jour-là, presque lointain, une autre catastrophe a en effet été évitée de justesse et c’est à elle que cette photo fera désormais écho.

A l’époque, j’avais pour habitude de tenir un peu mollement mon nouvel appareil numérique, ce qui m’avait déjà valu plusieurs frayeurs suite à des cadrages un peu tarabiscotés. Un peu trop confiante en mon équilibre, je snobais insolemment les divers avertissements que l’on me lançait. Bizarrement, ce dimanche-là, me retrouvant en émoi au pied de ces Halles désertées à l’accès bloqué par de grandes grilles métalliques, j’ai, pour la première fois, obéi à l’injonction : j’ai passé la petite cordelette de mon appareil autour de mon poignet droit. Pressée de capter ce qui ne bougeait pourtant plus depuis des années déjà probablement, j’ai levé le pied pour le poser juste devant la grille. Sans faire attention à ce qu’il y avait au sol… J’aurais dû. Une belle plaque de mousse mouillée ! Mon pied a dérapé, mon bras droit s’est affolé pour rétablir l’équilibre, ma main droite – tenant la boîte à images – s’est instinctivement ouverte pour attraper quelque chose de fixe… En 1 seconde 32 centièmes – la durée du fâcheux épisode -, j’ai vu sa courte vie défiler et toutes les images faites avec lui projetées en grand dans l’immense marché parabolique. Je l’ai vu s’envoler au beau milieu des Halles du Boulingrin et exploser avec fracas sur ses dalles de béton. Je me suis vue dépitée, abattue, énervée d’avoir causé la fin prématurée d’une amitié naissante… Heureusement, rien de tout cela n’est arrivé puisque je l’avais accroché à mon poignet ! La cordelette s’est tendue… Au bout, l’appareil, vacillant, titubant, sonné mais sain et sauf ! Voilà ce dont je me souviens en regardant cette photo. En revanche, je ne sais toujours pas pourquoi, comme toutes les fois précédentes, je n’ai pas envoyé valser le conseil que l’on me donnait…

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D’abord, l’émotion pure. C’est elle qui submerge l’être, qui l’engloutit tout entier – même si cela ne s’écrit pas – lorsqu’il passe l’immense porte de bois sculpté de la Sagrada Familia, le chef-d’œuvre inachevé de Gaudi, chantier perpétuel depuis son trépas. Il l’a guettée depuis les hauteurs atmosphériques à l’arrivée, puis l’a cherchée aux croisements des rues rectilignes, l’a aperçue depuis les toits barcelonais et sur les cartes postales, enfin il l’a approchée avant de s’en éloigner… Ce n’était pas encore le moment. Et puis, il y est allé, l’être. Il est entré, l’être. Et il a pleuré, l’être, de tant de beauté insoupçonnée, de subtilité en un même lieu, d’intelligence condensée. Sensation d’être happé par l’immensité et en même temps, d’être au cœur d’un antre recroquevillé et protecteur… D’une canopée de pierres légères culminant à 75 mètres de hauteur. De pierres, réellement ?

A l’heure où le concept de biomimétisme rencontre de plus en plus d’adeptes ici et là, Gaudi, dès la fin du 19e siècle, l’avait placé au cœur de son utopie architecturale et distillé un peu partout dans sa basilique. « If nature is the work of God, and if architectural forms are derived from nature, then the best way to honor God is to design buildings based on his work » aurait-il dit. En espagnol bien sûr… Le biomimétisme en est peut-être sa version laïque. Sa grande prêtresse américaine, la biologiste Janine Benyus, le définit comme « la pratique selon laquelle on observe, on apprend et on reproduit le génie de la nature, tout ce processus qui évolue depuis maintenant 3,8 milliards d’années ». Et qui sait durer et perdurer, malgré les attaques et les contre-attaques…

Et voilà que petit à petit, en oubliant tout ce qu’il y a autour et tout ce qu’il y a dehors, le sentiment de se promener dans une forêt prend le dessus… Les interminables et massives colonnes sur lesquelles reposent la nef centrale se muent en arbres géants régulièrement dispersés, aux branches solides et feuillage flirtant avec les nuages. On se contorsionne pour en admirer les atours, là haut, inaccessibles. Et on est tour à tour ébloui par la lumière vive du soleil qui réussit à percer à travers les branches, les feuilles et les respirations, puis plongé dans l’ombre dès lors que l’on se faufile derrière un tronc, pardon, une colonne ! Ne manquent plus que les petits oiseaux pour parfaire l’illusion, et encore, sont-ils réellement nécessaires ?

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Cinq minutes après le décollage pour la première plongée, autant avant l’atterrissage pour la seconde… Mer d’huile et terres artificielles contre océan de verdure et tapis de colza. Comme ces deux mondes semblent littéralement aux antipodes l’un de l’autre ! Un monde totalement nouveau, sortant tout droit des dunes du désert imbibé d’or noir, certes encore embryonnaire mais suffisamment avancé pour laisser filtrer sa folie des grandeurs, sa démesure, son inaccessibilité… D’en haut, un vaste chantier que l’on imagine aisément contre-nature et en même temps, fascinant. Face à cet animal étrange à l’appendice pustulaire mais probablement réservé aux hyper-nantis, impossible pour nos mignonnes petites maisons aux toits pentus de brique rouge, toutes collées les unes aux autres pour mieux se tenir chaud et entourées d’une forêt combattive mais sans cesse grignotée, de ne pas prendre un sacré coup de vieux… Le voyage a beau être géographique, curieusement, il revêt aussi les atours d’un voyage dans le temps. Sommes-nous déjà le passé de ce monde à venir ?

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C’est le genre de façade qui me fait penser, que la France, pays de l’ex-ception culturelle, est quelque peu timorée en matière d’habillage et de decorum urbain. C’est à peine si l’on ose les… trompe-l’oeil !

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