Photo-graphies et un peu plus…

En chemin

Il est certaines images que l’on fait et refait des centaines de fois, année après année, sans s’en rendre vraiment compte. Pas celle-ci en particulier, mais ce qu’elle dit, ce qu’elle montre, ce qu’elle laisse transparaître de soi, de ses préoccupations et de sa perception du monde. Comme un motif que l’on transporterait avec soi, en soi et parfois hors de soi. Je rectifie ce que je viens d’écrire – je pourrais l’effacer et vous n’en sauriez rien, mais c’est déjà là et je n’aime pas revenir en arrière – : ce n’est pas vrai que l’on ne s’en rend pas compte. On a parfaitement conscience, lorsque l’on y est confronté, volontairement ou pas, d’être en présence d’une scène incarnant nos pensées les plus intimes, donc essentielle car rare. C’est instinctif, tout en nous entre en vibration avec bonheur, tandis qu’une boule invisible se met à jouer du yoyo entre notre gorge et notre ventre, et qu’il devient extrêmement pénible d’avaler ne serait-ce qu’une seule fois sa salive. En réalité, quelque chose d’étrange et souvent d’imperceptible de l’extérieur se produit : par le simple fait d’exister, cette scène-là fait tomber murs, réserves et autres verrous pour nous mettre totalement à nu, car cette scène-là n’est ni plus ni moins que l’image, certes un peu déformée mais d’une formidable pertinence et justesse, que renverrait un miroir extralucide posé juste en face de soi…

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Le voyage n’est pas seulement un plaisir pour les yeux. Il l’est aussi pour les oreilles. Il y a la langue, bien sûr, parfois différente de celle que l’on maîtrise, et à laquelle on ne comprend rien, nous plongeant alors dans des abysses d’incompréhension indéniablement envoûtants. Mais, avant la langue elle-même – j’entends, les phrases, les conversations – il y a les mots. Pris un à un. Et notamment les noms de villes.

Se plonger dans une carte géographique, au hasard, de la Namibie, est ainsi un voyage en soi : Swakopmund, Lüderitz, Windhoek, Sossusvlei, Twifelfontein, Keetmanshoop… Des sonorités à faire phosphorer l’imaginaire ! Quels paysages peut réserver une ville comme Twifelfontein ? La question est stupide mais je pense à une chute d’eau dont le flot prendrait la forme de la Tour Eiffel ou serait rétro-éclairé… Mes hypothèses sont tout aussi stupides. Evidemment, nul doute que Charleville-Mézières ou Morlaix suscite la même sensation d’exotisme pour une oreille namibienne.

Après ces cités dont on apprend tant bien que mal à prononcer le nom sans les écorcher, de nouvelles découvertes verbales, tout aussi enthousiasmantes, viennent rythmer les journées. Elles accompagnent en particulier celles d’espèces endémiques aux lieux explorés. Ainsi, quand on les voit se détacher à l’horizon de l’erg avec leur large tronc asséché en décomposition et leurs branches montées comme des palmiers, des oursins ou des étoiles scintillantes, on a déjà un petit pic au cœur. Et lorsque l’on nous apprend leur nom, on tombe instantanément sous le charme. Kokerboom !

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