Photo-graphies et un peu plus…

Je me suis toujours demandé qui établissait la programmation de ces séances gratuites de panneaux publicitaires déroulant, tant les enchaînements proposés sont parfois audacieux. Ainsi en est-il de celui-ci, monté façon express pour être quasi subliminal (donc fatiguant) et rendre encore plus évident le sarcasme des presses et papiers. Même typologie d’image. Une silhouette sur fond uni : blanc versus noir. Même gestuelle : bras écartés,  en l’air versus à terre. Même message en bandeau avec un jeu de question-réponse qui paraît étrangement calculé. Même conclusion : l’un comme l’autre ont franchi la frontière violemment, de façon non naturelle, celle dont on nous dit, nous répète, qu’elle est la seule dont on ne peut revenir. La mort.

Nous allons peut-être devoir revoir nos classiques à la lumière de tout ce qui a été entrepris depuis la disparition de MJ pour que la flamme (les billets verts) reste toujours allumée (continuent à couler à flot) chez les fans (dans les poches de tous ceux qui en ont des bien placées). Ainsi s’annonce donc la 4e tournée de Mike, Bambi, le Roi de la pop : « The immortal world tour ». Qui est, il faut le dire, un titre hautement cynique ! Qu’est-ce que c’est que ce cirque, vous direz-vous (peut-être) ? Et bien, justement, c’est le Cirque du Soleil, connu pour ses shows magnifiques mais doté d’un contrôle qualité un peu trop pointilleux à mon goût, qui est à l’origine de ce projet humaniste et philanthropique. Enfin, qui a « uni ses forces avec la succession de Michael Jackson » pour créer ce spectacle, dont un premier tour de piste aura lieu en Amérique du Nord en 2011 et 2012. A peine un an et demi qu’il est décédé, et il ne se passe pas un jour sans qu’on ne le sorte de sa tombe. Si ce n’est une chanson inédite exhumée par ce héros récurrent, cet-ami-qui-lui-veut-du-bien-enfin-pas-à-lui, c’est un concours pour trouver « le nouveau Michael Jackson », puis un album posthume (dont la voix n’est potentiellement pas la sienne), des coffrets, un jeu vidéo, et donc ce spectacle. Bientôt, un clip en hologramme 3D j’imagine pour « matérialiser » un peu ces duos pré-enregistrés… Tout cela me renvoie à quatre phrases prononcées par l’artiste expérimentale Laurie Anderson lors de son spectacle « Le délire » donné à la Cité de la Musique (grand écart culturel, oui) et qui disaient, en substance : on meurt trois fois ; la première, quand on s’éteint ; la deuxième, quand on nous enterre ; la troisième, quand notre nom est prononcé pour la dernière fois. Finalement, le titre choisi par le cirque n’est peut-être pas si douteux. Car, il n’est pas encore né le jour où le nom de Michael Jackson ne sera plus émis (ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah, aaaahh…) !

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Hoooo !

MJ ciréHistoire d’histoire de photos… L’interrogation : une photo a-t-elle une histoire intrinsèque, ou est-ce le contexte dans lequel la photo a été prise qui constitue son histoire ? Les deux mon capitaine me répond Kloklo. Kloklo a raison.

La preuve avec Michael Jackson. Sur les Grands Boulevards. Samedi soir. Le 29 août. Il aurait eu 51 ans s’il n’était pas mort. Ce sont des choses qui arrivent. Tout un tas de gens se sont ainsi retrouvés pour fêter son non-anniversaire. Je passais par là un peu par hasard, entre deux « positions intermédiaires », comme le claironnerait le GPS de la Volvo paternelle. Mais le hasard existe-t-il encore quand s’ouvre, juste devant soi, une porte d’immeuble et qu’en sort un Michael Jackson fringant, quoiqu’un peu figé ? Un Jackson de cire et d’antan tout droit sorti du Musée Grévin… Epoque pas trop lointaine marquée par les stigmates du bistouri. Incrédule, la foule. Elle s’amasse autour du quatuor qui fait glisser le Roi de la Pop jusqu’au Grand Rex. On y passe l’intégrale de ses clips pour les plus que fans serrés comme des sardines le long de la rue Poissonnière. Passons sur l’exploitation du morbide, qui n’en est qu’à ses débuts. L’odyssée est filmée, photographiée, officiellement. Les « là par hasard » en profitent. Pour poser aux côtés de la poupée de cire qui n’émet plus aucun son. Et puis, la star disparaît derrière un cycliste.

La double histoire est bouclée : moi, ici au bon moment alors que tous les chemins mènent à des positions intermédiaires ; le sosie, exceptionnellement de sortie, car l’original a rejoint ses partenaires de Thriller, les créatures d’outre-tombe, sans y être vraiment encore… dans la tombe.

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