Photo-graphies et un peu plus…

Le pot de confiture

Histoire vraie : figurez-vous que la claque la plus douloureuse que j’aie jamais reçue m’a été délivrée par un manchot. Sans cette photographie, vous pourriez croire que je me moque de vous. Il n’en est rien. Il faut dire que je l’avais (presque) cherchée. Ma mission, que j’avais acceptée les yeux fermés, pleine d’un mélange d’insouciance et d’ignorance : inciter ces gorfous sauteurs à se redresser un peu, au moins suffisamment pour être en mesure de vérifier s’ils couvaient un ou deux œufs. C’était précisément ma mission, que j’étais bien décidée à honorer aussi sérieusement que possible. Jusqu’à l’incident.

Mon étourderie de débutante ? M’approcher un peu trop de ceux qui n’obtempéraient pas, non pas pour les impressionner mais plutôt pour les motiver. Puis tendre la main. Erreur fatale. Le geste, perçu comme une menace, ne pouvait passer inaperçu et la riposte n’avait pas été longue à se faire sentir :  je m’étais donc pris un vif, sec et net coup d’aileron. Un condensé de muscles tendus. L’équivalent nerveux d’une planche de bois. La claque la plus inattendue de ma vie ! Je n’ai plus jamais tendu la main à un manchot. Parfois, on apprend vite de nos erreurs.

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Les bras m'en tombent...

Après tant d’années, il y a prescription. Donc, je vous le dis. Pour arriver là, c’est-à-dire, sur cette plage de galets donnant sur un Océan Indien version 50e hurlants somme toute assez paisible, où se jette sans grand fracas la Rivière des Macaronis, du nom d’une espèce de manchots à aigrettes qui ne sont pourtant pas ceux présents à l’embouchure à cet instant précis – en l’occurrence, des papous -, nous avons feinté. Pire, nous – mes trois camarades de manip’ et moi-même – avons fait le mur pendant deux jours et demi, et, par conséquent, menti, par omission, aux autorités locales miraculeusement hors de portée de VHF.

Notre mission officielle, acceptée : réparer le toit d’une des cabanes de la Presqu’île Ronarc’h, une pure beauté minérale vierge accrochée au sud-est des Iles Kerguelen, à quelques heures de bateau de la base de Port-aux-Français. Notre mission secrète, telle que nous l’avions imaginée et préparée à la lueur de nos bougies et des étoiles plein les yeux, allant jusqu’à cacher notre matériel de bivouac dans des touques : régler cette histoire de toit aussi vite que possible puis déserter ladite cabane afin d’explorer cette majestueuse presqu’île rocheuse, tâter des souilles, des pierriers et des azorelles, jusqu’à atteindre, en particulier, cette Anse de la Caverne énigmatique et magnétique car au bout du bout du monde.

Or, le bout du monde, c’est un peu comme la bouée : lorsqu’il est à ce point à portée de bottes, impossible à l’âme aventureuse d’y résister. Car c’est un appel du vide – après ce piton rocheux et ces falaises, il faut attendre l’Antarctique pour reposer le pied à « terre », ce qui est assez vertigineux quand on vient du continent. Et c’est également un rappel du tout – la Terre est sphérique : par définition, elle n’a donc pas de bout, puisqu’elle ne forme qu’un tout. Et il est parfois bon de s’en souvenir.

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La mascarade

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L'océan, c'est par où ?

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