Photo-graphies et un peu plus…

The corner café

Typiquement, une nouvelle illustration de cet insoluble équation de la poule et de l’oeuf, bien qu’ici, il suffirait de compulser le cadastre de la ville pour en avoir le coeur net ! En l’état, ce café porte extrêmement bien son nom – The corner cafe – même s’il n’est pas d’une extravagante originalité – 339 000 occurrences en moins d’une seconde pour le mooteur de recherche quand même, ce qui ne signifie pas qu’il en existe autant mais cela donne une idée, que l’on est d’ailleurs en droit de relativiser dès lors que l’on découvre que « Le cheval blanc » par exemple – patronyme qui s’exporte difficilement hors des frontières de l’hexagone contrairement au Corner Café – dépasse le million de résultats, ramené à 200 000 si l’on ajoute un filtre… café…

Mais revenons à Londres. La position, centrale, quasiment insulaire, de ce bloc interroge – comme tout pitch digne de ce nom –  le quidam de passage pour qui n’existe que le présent. Ce presque cube esseulé l’a-t-il toujours été ou est-il le reliquat miraculeux d’une destruction périphérique ? Interrogation parallèle (et en réalité la première), ce café porte-t-il ce nom depuis toujours ou est-ce contextuel ? Dans le premier cas, au-delà de l’étrangeté urbanistique, le café occupe néanmoins deux coins et mérite donc bien son nom. Dans le second cas, on peut imaginer qu’une autre maison ou un autre immeuble était accolé(e) à la façade droite : le café perd un coin mais il lui en reste un. Et Corner Café lui sied toujours. Bref, si la question est légitime – je me promène, je suis là pour m’étonner de ce que je vois, en somme, pour m’interroger, ce qui comprend les détails insignifiants -, finalement, la réponse n’a pas beaucoup d’intérêt… Cela arrive, parfois.

Share on Facebook

Comment suggérer un sens de lecture lorsque l’on compose une image, que celle-ci comporte peu d’éléments ou, à l’inverse, beaucoup, comme dans cette église reimoise ? Une des réponses que je défends avec verve se traduit par un passage au coin. Peut-être des réminiscences de lointaines punitions… Mais pas le coin qui coince le regard et l’enferme dans une semi-obscurité sensée aider l’exilé à réfléchir à sa bêtise, mais celui qui révèle et offre une nouvelle perspective. Le coin lumière en quelque sorte.

L’obsession des lignes dans les coins n’est pas toujours facile à assumer car elle oblige à se contorsionner. Il faut accepter d’être ridicule, et donc, d’être regardé bizarrement. Heureusement, lorsque l’on est atteint d’obsession angulaire, on fait abstraction de tout ce qu’il y a autour. Seuls les coins comptent. Au maximum, quatre. Mais pour les lignes, cela peut vite devenir bien plus impressionnant. Et à vrai dire, plus il y en a à faire converger dans les coins de l’image, plus le défi est grand, plus le jeu, qui pourrait s’apparenter à du billard photographique, est intéressant et jouissif. Ainsi en est-il de cette église à l’architecture gothique. Point d’entrée : en bas à droite. On monte, puis on descend le long de l’arc brisé, on emprunte une première nervure qui nous conduit au coin haut droit, une autre nous fait alors redescendre dare dare dans le coin opposé. Deux solutions se présentent alors à nous, la boucle en optant pour l’enchaînement des deux arcs brisés sur la droite, ou l’aventure en se dirigeant vers la gauche pour deux nouvelles séries d’arc. Malheureusement, la route s’arrête là. Aucun moyen de rallier le coin en haut à gauche à celui de droite. Le grand architecte a gagné ! Pour cette foi(s) !

Share on Facebook