Photo-graphies et un peu plus…

Littéralement

… cet homme va droit dans le mur. Dans le muret si vous préférez, mais fondamentalement, cela ne change pas grand chose, et par ailleurs, cela altère légèrement l’expression consacrée… A le voir courir ainsi, sans ralentir d’un iota à l’approche de l’obstacle, on se dit même qu’il y met beaucoup d’entrain, d’élan et de volonté. Ce n’est manifestement pas le type à se laisser enfermer entre quatre murs. Et même si, là, présentement, il est au pied du mur, croyez-vous pour autant qu’il va réellement se prendre le mur ? Non, bien sûr ! Et, déjà, ses mains sont prêtes pour la prochaine étape libératrice : s’appuyer dessus sans chercher à le contourner et faire le mur. C’est le rebondissement salvateur !

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Fragile équilibre

Nous regardons la vie avec les yeux que nous imposent les moeurs de notre époque. Et parfois, aveuglés par des automatismes trompeurs, nous la voyons de travers, ce qui lui ôte une part de son charme et de sa poésie naturels. Ainsi, non, cette femme quasi statufiée au pied de cette énigmatique formation rocheuse sculptée par la mer au fil des siècles n’est pas rivée à son téléphone. C’est tout le contraire même. Perdue dans un monde qui semble ne compter qu’elle, si elle lève ainsi délicatement sa main, c’est simplement pour rassembler ses cheveux anarchiquement balayés par les vents violents, imperceptibles dans cet univers minéral où rien ne s’agite à l’échelle du temps humain, et ainsi dégager son doux visage qui semble destiné à traverser les âges.

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Certains voyages vous dépaysent complètement parce que tout ce que vous y découvrez, de la nature à la culture, de l’histoire aux légendes, de la musique à la langue, de la cuisine aux coutumes, est absolument nouveau, inédit pour vous et conforme à cette altérité que vous imaginiez a priori et que vous espériez rencontrer. Parfois aussi, certains voyages vous dépaysent complètement parce que tout ce que vous y découvrez est justement aux antipodes de ce que vous pré-voyiez, tout en étant finalement assez proche de ce que vous connaissez déjà sans que cela ne soit une déception pour autant.

Extérieur – Terrasse – Crépuscule – Après un court entracte, le quatuor s’apprête à reprendre son programme mêlant jazz et classique devant les mélomanes du soir. Il n’y a plus de chaises libres quand vous arrivez, un peu en retard, aussi vous posez-vous sur un muret surplombant la scène improvisée, gagnant au passage une vue panoramique sur ce beau village aux maisons de granite accroché à la montagne. Portée par les notes remodelées de « Dream a little dream of me », votre âme s’égare. Vous vous imaginez maintenant être une de ces personnes en contrebas, sur le bord de la route longeant cette courte plage… Oui, exactement, là où il y a ce petit attroupement. Vous portez alors votre regard vers cet horizon, hors champ. La journée s’achève, il va bientôt faire nuit, il y a une légère brume mais vous réussissez malgré tout à discerner un relief montagneux au loin, quelques lumières – une ville sûrement – et même des éoliennes ! Et là, vous réalisez que cette vie qui se déroule à 15 km de là, c’est la Chine. La Chine continentale. C’est même la première fois que vous la voyez d’aussi près. Alors, vous vous retournez, repensez à cette musique que vous venez d’entendre, rejetez un oeil à ce village terriblement méditerranéen et vous vous souvenez alors que vous êtes à Qinbi, sur l’île de Beigan, dans l’archipel de Matsu, à 250 km au nord-ouest de Taiwan… A mille lieues d’où vous pensiez être un instant.

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