Photo-graphies et un peu plus…

Le carrefour de tous les dangersCette banale scène de la vie quotidienne kyotoïte me semble totalement surréaliste pour un Français, voire, plus globalement – osons les généralités -, un latin… D’où mon empressement à la photographier, comme si je devais en ramener une preuve à mes petits camarades. Les mi-bas sous short de la demoiselle à pois blanc sur fond noir n’y sont pour rien. Pas plus que la tenue bleue électrique impeccablement repassée, les gants d’un blanc immaculé, la casquette bien vissée sur la tête des agents de la circulation, quand bien même je ne peux nier que l’ensemble impressionne. Non, ce qui me fascine littéralement ici est la présence, naturelle, de trois personnes pour gérer cette toute petite intersection, alors même que les rues sont en sens unique, qu’il y a déjà deux passages piétons latéraux et qu’a priori, le danger est extrêmement limité.

Bien évidemment, dans de telles conditions, la pensée, fut-elle furtive, qui consisterait à s’imaginer traverser sans y être expressément invitée par le trio d’hommes bleus n’atteint même pas les cellules pyramidales de mon aire de Brodmann, celle-là même qui est aux manettes de chaque muscle de notre corps. Postée sur le trottoir à devoir attendre le go officiel au lieu de braver les interdits et/ou le danger comme je pourrais le faire en un terrain plus familier, plusieurs questions sérieuses me traversent alors l’esprit (sans bouger pour autant), sur le taux de chômage au Japon (3,4% fin 2014), sur l’âge de la retraite (il passe progressivement de 60 à 65 ans, même si travailler jusqu’à 70 ans est déjà très courant, âge dont doit d’ailleurs être proche l’agent de gauche), mais également sur la proportion de seniors dans la vie active (9% avaient plus de 65 ans en 2012) et dans les emplois peu qualifiés, pseudo « petits boulots » comme ici, et enfin – ou plutôt surtout -, sur l’intérêt, réel, de telles fonctions. Sans doute cette ultime interrogation reflète-t-elle une façon purement occidentale de raisonner… Force est de constater que traverser sauvagement la route n’aurait pas conduit aussi loin dans la réflexion !

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