Photo-graphies et un peu plus…

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Il fait nuit tôt à Wellington. 17h46 aujourd’hui. Quelques étoiles nageaient dans le ciel immense avant même que le soleil ne disparaisse totalement. Mais Vénus était la première reine de la nuit à faire sa sortie. Oui, je sais, c’est une planète… En France, vous pouvez aussi la voir en ce moment. Je trouve ça magique – bien sûr, ça ne l’est pas – qu’en étant si loin les uns des autres, nous puissions tout de même voir briller Vénus en même temps, ou presque ! Tout d’un coup, c’est comme si l’univers se recroquevillait sur lui-même pour nous rapprocher encore plus.

Le soir, à Wellington, on voit donc les étoiles dans le ciel. Beaucoup. J’ai même cru voir l’ombre de la voie lactée tout à l’heure, en rentrant de notre promenade, encore plus tardive qu’hier. Cela nous a permis de découvrir, d’en haut, la ville dans son costume de nuit. Il était temps ! Je ne sais s’il en est toujours ainsi ici, ou si c’est une conséquence heureuse de la baisse de pollution de l’air. Mais pouvoir voir les étoiles depuis une ville ne devrait pas être un privilège…

Sinon, le départ se prépare, lentement mais sûrement. Evidemment, c’est un peu ce qui occupe nos esprits en ce moment. Des choses très terre à terre – c’est donc d’autant plus important de pouvoir voir les étoiles le soir. Ranger, nettoyer, prévoir la suite. Par exemple, on nous suggère vivement de nous procurer des masques. Nous espérons en trouver demain dans une pharmacie où, a priori, ils en avaient encore la semaine passée. Et sinon, nous choisirons l’un des tutos transmis ces derniers jours pour transformer nos chaussettes ou foulard en masque de fortune !

Ce matin, en cherchant des précisions sur le déroulement de notre vol sur le groupe FB des Français en NZ – une vraie mine d’informations, plus complète que les canaux officiels ces dernières semaines –, j’ai appris que notre avion devrait s’arrêter à Perth (Australie) puis Doha (Qatar) pour deux escales techniques et de changement d’équipe. Escales pendant lesquelles nous ne pourrons pas sortir. D’un côté, c’est rassurant : personne d’autre ne montera dans cet espace ultra confiné où nous ne savons pas encore si nous serons les uns sur les autres, ou espacés d’un siège. Partir de Nouvelle Zélande, où la circulation du virus a donc été limitée, se révèle être un avantage dans ces circonstances : a priori, probabilité faible que quelqu’un soit contaminé… De l’autre, cela signifie aussi que nous nous apprêtons à passer 28h dans un avion. A ce stade, je ne compte même plus le vol intérieur du matin pour rejoindre Christchurch. Cela risque d’être un peu long… C’est sûr, les hublots, ça ne s’ouvre pas ?

Et puis, nous avons aussi décidé de rentrer chez nous. Et non d’aller finir le confinement en un lieu moins urbanisé comme nous l’avions envisagé pendant 36h. J’irai simplement coller des photos de paysages sur les immeubles ou les trottoirs pour avoir l’impression d’être un peu plus entourée de nature. Mais mon imprimante est cassée. Des dessins alors ? Une solution, je trouverai !

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Je pense à plusieurs choses en même temps mais je ne peux en écrire qu’une à la fois… Avez-vous déjà réalisé que lorsque l’on vit dans l’hémisphère sud, mieux vaut avoir sa maison au nord plutôt qu’au sud si l’on souhaite qu’elle soit arrosée de soleil, a minima réchauffée par lui ? Ou encore que les quartiers de Lune sont inversés – ainsi la Lune montante semble-t-elle descendre par rapport à notre référentiel nordiste ?

Cela n’a rien à voir, mais je pense aussi aux cinémathèques, musées, bibliothèques, salles de spectacles, radios, artistes et diffuseurs du monde entier – n’en déplaise à ma prof de français de 2nde qui détestait cette expression, « parce que si c’est le monde, il est forcément entier », bref – qui ouvrent exceptionnellement – et gratuitement – les vannes de leurs trésors respectifs désormais physiquement inaccessibles, et espère secrètement (plus maintenant…) que le confinement sera allongé pour pouvoir en profiter ! Le temps risque en effet de faire défaut avec toutes ces merveilles à portée de clics alors que je suis déjà ceinture noire de tsundoku, numérique ou pas !

Et puis, sur Facebook, où l’on rit, où l’on pleure, je viens de voir la photo Confinement-J9 d’une collègue photographe (Zeu Leny  ;-)) : une boîte de conserve d’un pâté maison du Lot. Neurones miroirs activés, j’en salive presque. Je bascule immédiatement dans mon appartement, resté en France lui, et pense à nos bons pâtés venant tout droit du Périgord, confinés, eux-aussi, au fin fond de l’étagère du bas du meuble juste à droite de l’inductionnière. Il doit en rester 3 ou 4 boîtes. On en mangerait bien aussi…

Est-ce étrange d’être ainsi à 18 990,91 km de chez soi pendant cette phase de confinement et plus globalement de bouleversement planétaire ? Oui, je sais, c’est très précis, mais c’est distance.to qui le dit. Donc ? Loin de son propre lit, de ses livres, de ses vêtements (avec des pulls supplémentaires donc – cf mot d’un jour précédent pour l’écho), de cette latte de plancher qui craque après 22h43 quand on lui marche dessus, de ses tableaux accrochés aux murs, de son unique plante qui, peut-être, vit des heures terribles, de ses habitudes, de son cocon, de son monde à soi, de son univers… Et bien, oui et non. Oui parce qu’un nid est un nid. Nous aimons le nôtre et réciproquement. Non, parce que l’essentiel, nous l’avons et le portons en nous. J’ai toujours pensé ainsi et ce n’est évidemment pas aujourd’hui que cela va changer. Notre intérieur est bien plus vaste que le plus grand des appartements. Alors, plutôt que de chercher à retrouver mon chez-moi le plus tôt possible – Qatar Airways propose de nouveaux vols qui atteignent des sommes vraiment indécentes – et, j’ai l’impression, une certaine forme de chaos, il me semble plus judicieux et utile de choyer mon intérieur hic et nunc… Car, à l’intérieur, se trouvent tous mes souvenirs, toutes mes évasions, tous mes rêves, toutes mes élucubrations et tout ce dont je n’ai pas encore conscience, et que, c’est de là que naîtra demain.

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