Photo-graphies et un peu plus…

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La partie orientale de l’image dira quelque chose aux visiteurs les plus assidus… Oui, oui, elle ressemble à s’y méprendre à la photo de Prisoner of love.. Non, non, je ne l’ai pas vendue à cette revue temporairement anonyme… Hasard ou coïncidence, je ne sais pas. Toujours est-il que dimanche, en plein ménage de printemps, ma main droite est subrepticement accrochée par le programme du Centre Pompidou. Sans que je m’en aperçoive, ma main gauche est déjà dessus. Ensemble, elles ouvrent la revue à une page que, évidemment, je ne retrouve plus maintenant que je la cherche. Bref, à cette page là-haut ! Surprise ! Les cadenas ! Rapidement, je réalise que la photo n’a pas été prise à Paris, le coréen aidant… et en déduis donc que Paris n’est pas unique, que l’hypothèse émise d’une nouvelle mode n’est peut-être pas si absurde, et au final, que je n’ai rien découvert !

Page 58, une piste : la photo illustre une séance du film « Le coffre de mariage coréen » d’Ulrike Ottinger, aussi photographe. On y parle de rituels anciens et nouveaux… Comme toute femme moderne qui se respecte, je lance une requête sur l’avatar de Page et Brin. Mots clés : cadenas tradition coréenne. Recherche primaire qui me mène sur le post d’un blog intitulé : « #Rome 6 ou les cadenas de l’amour »… Pas de Corée en vue, si ce n’est que l’auteur du blog a la Corée dans ses Tags les plus utilisés… J’y vois « mes » cadenas, accrochés à des rambardes, romaines donc. J’y lis que la tradition est italienne, remonte aux débuts des années 1990 et qu’elle est inspirée d’un roman de Federico Moccia, « Je te veux ». L’autre hypothèse – les clés sont jetées par dessus le pont – est vérifiée. Ma curiosité est attisée. Je retourne chez Larry et Sergey, et précise ma demande. Mots clés : cadenas d’amour. Le choix est vaste, blogs et autres, et évidemment Wikipédia. Où cela se corse : on y dit que la tradition est hongroise et date des années 1980. C’est le hic avec Internet, il faut sonder plusieurs sources et recouper les informations pour être à peu près sûr de ne pas colporter de webâneries !

Ce qui est à peu près sûr, en revanche, c’est que tout ce qui existe quelque part sur cette planète a trouvé quelques octets sur la toile pour exister, potentiellement, aux yeux de tous. Si vous vous demandez, par exemple, comment cuire les petits pois frais – si, si, il y a encore des gens qui achètent des petits pois frais -, la réponse devrait se trouver dans l’une des 30 500 occurrences répertoriées par le grand g… Vous cherchez le nom de la tortue fétiche du Jardin des Plantes ? Rien de plus facile (73 600 occurrences trouvées malgré tout en 0,18 seconde) ! C’est Kiki, tortue des Seychelles, arrivée à Paris en 1923 et décédée à 146 ans en décembre dernier ! France Info en a même fait une chronique ! Respect Kiki ! Et la hauteur maximale entre deux marches pour un escalier dans une maison ? 18,5 cm ! Cette universalisation et dématérialisation du savoir, en tout cas, de l’accès au savoir, est un leurre. Mais un leurre qui a réellement révolutionné, en quelques années, notre façon de chercher (plus besoin d’aller à la bibliothèque…), de nous informer (plus besoin d’acheter le journal…), et qui a totalement renversé nos conceptions de temps (toute recherche est instantanée…) et d’espace (chacun peut savoir ce qui se passe aux antipodes en ne bougeant que l’index et ainsi voir la famille Anderson se faire un barbecue dans son jardin grâce aux images satellite…)… C’est vertigineux ! Reste qu’être sur la toile n’a pas grande signification en soi. C’est le clic, hasardeux ou réfléchi, de l’inconnu derrière l’écran qui donne réellement vie en s’arrêtant sur ce qui existe en cache(tte). A l’origine, il y a donc toujours une recherche… Donc, pour la cuisson des petits pois frais, c’est 10 minutes dans l’autocuiseur. Et pour ceux qui n’en ont pas, avec les bons mots clés, la réponse devrait émerger en une micro-seconde !

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