Photo-graphies et un peu plus…

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Hokitika ! Le nom de certains sites et villes néo-zélandaises résonne comme des gouttes de pluie sur un tambour… Je suis à Hokitika, petite ville de la côte ouest de l’île du sud quand le confinement débute en France. A admirer le coucher de soleil sur la Mer de Tasman. J’ai beau être sur une île, je n’en ai pas vu tant que cela depuis mon arrivée et cela me manquait.

Je dois admettre que celui-ci a une saveur particulière.  Impossible de ne pas penser à tous ceux – en particulier, famille et amis – qui, en quelques heures, ont perdu la possibilité de se déplacer librement. Je pense à eux, je pense à vous, en nous regardant, nous, de ce côté du monde, libres, face à l’immensité de la mer, observer, sans oser tourner la tête une seconde de peur d’en rater un bout, la descente inéluctable et imperturbable de l’astre du jour sur l’horizon. J’ai l’impression que, ce soir, nous le regardons différemment, ce petit cercle jaune. Avec une joie, un émerveillement, une gratitude décuplés, mais aussi une pointe de nostalgie, de mélancolie – beaucoup de ces silhouettes anonymes sont des voyageurs de passage. Avec cette conscience aiguë et peut-être nouvelle que tout peut basculer du jour au lendemain. Que tout a déjà basculé, ailleurs. Qu’ici, ce n’est peut-être qu’une question de temps. Ou pas. On ne sait pas. On  ne peut pas savoir. On ne peut pas pré-voir. Reste que, dans ce nouveau monde plein d’incertitudes, il est rassurant de savoir que, quoi qu’il se passe, le soleil se couche et se lève, même si on ne le voit pas toujours…

Sinon, la Nouvelle Zélande vient de fermer ses frontières à tous les étrangers.

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Le 11 janvier, lorsque j’ai pris cette photo, m’amusant de constater que Paris était la ville la plus éloignée d’Auckland parmi toutes celles listées, je ne me doutais pas que 65 jours plus tard, cette distance inédite entre mon toit et moi serait à la fois un avantage et un inconvénient…

Je suis en Nouvelle Zélande depuis le 10 janvier, après une poignée – saine – de jours passée à Singapour, histoire de couper le trajet en deux et de découvrir une nouvelle ville. Je devais en partir le 29 mars pour une courte semaine à Buenos Aires – mêmes raisons – avant de retrouver un Paris printanier et du bon pain. Un tour du monde d’une certaine manière, avec, en prime, le passage de la ligne – virtuelle il va s’en dire – de changement de jour, me faisant arriver à Buenos Aires avant même de partir d’Auckland. Tout est relatif, évidemment…

Mais cette étrangeté temporelle n’aura pas lieu. En tout cas, pas maintenant. Puisque, et c’est le premier impact du coronavirus sur ma petite vie, les vols ont été suspendus la semaine dernière entre l’Argentine et la France.  La Nouvelle Zélande, au bout du monde donc, a longtemps été épargnée par le virus. De telle sorte que depuis 65 jours, un peu moins en réalité car tout s’est accéléré ce week-end, vue d’ici, cette pandémie est restée très abstraite, voire quasi irréelle. C’est très étrange d’être à un endroit où la vie poursuit tranquillement son chemin alors que partout ailleurs le chaos semble gagner du terrain de jour en jour. Le tout, avec 12h de décalage horaire.

Ceci étant dit, la trêve est peut-être finie. Alors que la France est confinée pour au moins 15 jours depuis mardi, que l’Europe ferme ses frontières pour 30 jours, la Nouvelle Zélande – où les cas commencent à se multiplier malgré tout – impose une quarantaine à tous les arrivants et la quitter est de plus en plus difficile (vols annulés, connexions plus assurées…). Il se pourrait même que la liaison maritime entre l’île du sud – où je suis – et l’île du nord – d’où je suis sensée partir le 30 mars (mais je ne suis pas certaine de le vouloir) – soit interrompue… Et puis, la Nouvelle Zélande n’étant pas considérée comme un pays à risque, aucun rapatriement n’est prévu pour le moment. Bref, je ne suis pas en confinement. Je suis juste sur une île, d’une incroyable beauté, à 18 850 km de Paris et je ne sais ni quand ni comment je vais pouvoir y retourner…

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