Photo-graphies et un peu plus…

En apercevant, au détour d’un virage serré, cette femme en imper rouge et parapluie blanc filer vers la lumière sous cette chape d’arbres verts, touffus et hauts, je voyais déjà une image fantasmée, rêvée, tout en étant bien consciente qu’il était trop tard et qu’elle allait m’échapper. Je savais que la pluie et la faible lumière de cette fin de journée de mai, responsables de l’existence même de cette scène fugitive, allaient aussi être la raison pour laquelle je n’allais pas pouvoir la capter dignement. Je savais enfin qu’à ce duo, il fallait ajouter le facteur temps, qui fait toujours défaut lorsque l’on court après une image sublimée par la pensée. Pourtant, en sachant que c’était peine perdue, que j’allais passer à côté de mon image, j’ai quand même déclenché. Pourquoi ?

Une partie de moi espérait une erreur de jugement, et donc une sorte de miracle, tandis que l’autre était simplement dominée par l’instinct du chasseur, souvent plus fort que la raison… Pas de miracle : l’image est aussi floue qu’anticipée, un flou un peu gênant quand même, ce qui n’est pas le cas de tous les flous. Alors, à nouveau, pourquoi cette image est-elle là ? A cause de cette silhouette féminine, gracile, frêle figure humaine presque écrasée par la nature enveloppante, se dirigeant promptement vers cet horizon optimiste ; à cause de ce rouge vif éclairant cette image comme un phare, qui font que, même avec ses défauts, j’aime cette photographie.  Et, qu’à ce titre, je souhaite vous la présenter.

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