Photo-graphies et un peu plus…

Depuis l’autre côté du lac, cette masse montagneuse, rocailleuse, abrupte, tourmentée, voilée par une timide brume de lumière et obstruant totalement l’horizon semble ne pas vraiment exister. Elle est pourtant bien là, à la fois menaçante et fascinante. Impossible de détourner le regard tant la perspective m’est inédite. On me dirait que cette succession de parois infranchissables sort tout droit d’une colère antédiluvienne de la Terre, je le croirais sur le champ ! Le contraste n’en est alors que plus saisissant avec cette colline verdoyante posée sur l’eau, à la pente parfaite, idéalement boisée et parsemée de belles demeures où l’on imagine sans mal la vie douce et empreinte d’une inspirante sérénité.

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Elle avait son charme cette petite buée sur la vitre de la voiture, l’objectif de l’appareil photo, les verres de binocles branchées, qui donnait à notre perception du monde un charmant côté approximatif et suranné. J’écris « avait » car des chercheurs québécois – c’est vrai que nous n’en entendons pas souvent parler en France, mais ils existent – ont mis au point un revêtement anti-buée permanent à base d’alcool polyvinylique (oui, oui, le même vinyle que nos vieux disques noirs à microsillon). L’information est passée à la radio, j’étais en voiture, il pleuvait et il y en avait un peu sur le pare-brise. De la buée. Que j’ai, de fait, regardée avec une certaine nostalgie anticipée.

Tout porteur de lunettes a, en effet, un jour, espéré qu’une personne bien inspirée inventerait le revêtement anti-buée. Il y a même fort à parier que cette pensée lui a traversé l’esprit à chaque fois qu’il a été soumis à une basse température, qu’il  est entré dans un lieu normalement tempéré et que, dans l’instant, ses verres se sont parés d’une micro couche de fines gouttelettes d’eau tellement serrées les unes contre les autres que cela lui a donné la désagréable sensation de se retrouver face à un mur. Ecran gris instantané provoquant souvent l’hilarité d’un éventuel voisin non appareillé, quand bien même il a déjà vu cent fois le même sketch. Comme quoi, le comique de répétition a encore de l’avenir. « Bientôt », ce ne sera plus qu’un souvenir ! Le bigleux n’aura plus à retirer ses lunettes pour re-voir plus rapidement, ni à chercher une matière absorbante pour essuyer les verres, ni à pester car forcément, cela laissera des traces et le gênera pendant quelques minutes encore… Bientôt, le flou thermique n’existera plus pour le bigleux. Ni pour le photographe…

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