Photo-graphies et un peu plus…

Avez-vous déjà été cette personne normale, marchant calmement dans la rue, furetant l’air de rien dans un centre commercial, buvant sereinement un café en bonne compagnie, soudainement perturbée par la sonnerie d’un téléphone ? Portable, dans ces circonstances. Une sonnerie qui serait identique à celle de Bastien, Caroline ou Rémy, voire, pire, à la vôtre. Enfin, à celle de votre téléphone. Car, vous, être humain de chair et de sang, ne sonnez pas. Punition : répétez 7 fois « Je ne suis pas une machine. » Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine.

Bon, je reprends. Avez-vous remarqué la rapidité à laquelle s’enchaînent les secondes suivantes ? Vous vous redressez en balayant l’espace du regard, à la recherche de Bastien, Caroline ou Rémy. Ou posez précipitamment la main sur la poche dans laquelle vous avez laissé votre téléphone, ni trop loin, ni trop proche de vous, pour le sentir vibrer. Ou pas. Le téléphone. Fausse alerte. Vous ne vibrez pas. Zut. Punition : répétez 7 fois « Je ne suis pas une machine. » Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Je ne suis pas une machine. Certes, ce n’est pas vous qui vibrez. Par contre, là, c’est bien votre téléphone qui sonne. Cette dépendance à un simple son n’est-elle pas embarrassante ? C’est comme si nous avions suivi un programme d’hypnose à notre insu : « Quand vous entendrrrrez cette sonnerrrrieee, ce serrra le déclic. Vous arrrrêteerrez tout ce que vous êtes en trrrrain de fairrre, feerrrrez un tourrr sur vous-même et toucherrrrez votre téléphone porrrrtable. Aprrrès seulement, votrrrre vie repreeeendrra son courrrs norrrmal ! »

Certaines sonneries de téléphone, fixe cette fois-ci, peuvent avoir le même effet. Vous voilà donc tranquillement à la caisse de votre supermarché, à égrener la cueillette du jour sur le tapis noir en imaginant déjà ce que vous allez vous mitonner en rentrant, quand un téléphone sonne. Ce n’est pas un portable, vous en êtes certain, vous ne touchez pas votre poche, vous ne tournez pas la tête pour retrouver Bastien, Caroline ou Rémy. Mais tout aussi instinctivement, mentalement, vous ne pouvez vous empêcher de lâcher un « Cabinet du Docteur Leborgne, j’écoute… » !

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