Photo-graphies et un peu plus…

We are here!

J’ai retrouvé une étrange carte intersidérale holographique dans une boîte de chaussures – des chaussures montantes apparemment, que je n’ai jamais connues par ailleurs -, au fond d’une malle en métal bleu – ma valise pour aller aux Iles Kerguelen il y a quelques années, rien à côté de ce que je m’apprête à vous dévoiler – que j’avais oubliée dans la grange d’une de mes maisons imaginaires. Elle m’a laissée plus que perplexe. Je vous ai scanné le recto (voir ci-dessus). Laissez-moi vous retranscrire le verso :

« Chère Lou,

Nous voici bien arrivés sur Kepler-452b après un voyage de plus de 25 millions d’années. Autant te dire que nous sommes exténués, quand bien même nous avons dormi la plupart du temps. Nous regagnons couleurs et force en reprenant nos bonnes habitudes de terriens : un bain de mer aux couchers des soleils !

Nous t’embrassons bien fort en espérant que tout va bien pour toi,

Lulu et Berlu »

Voilà, c’est tout. Le plus étonnant dans cette affaire est que je ne connais personne s’appelant Lulu ou Berlu, a fortiori Lulu et Berlu, hormis un couple de poissons rouges – enfin, ils n’étaient peut-être pas en couple… ça peut vivre à deux, des poissons ? – que j’avais offert à un couple d’amis – eux l’étaient vraiment – il y a des années de cela et qui sont morts – les poissons – peu de temps après avoir été transvasés dans leur nouvelle maison arrondie – comme quoi, parfois, mieux vaut rester chez soi. J’ai vaguement entendu parler de Kepler-452b aussi… La première fois, il y a quelques mois, lors d’une conférence de Frédéric Ferrer, et plus récemment, dans la presse, la nouvelle de la découverte de cette exoplanète aux allures de Terre, bien qu’un peu plus grosse, gravitant dans la zone d’habitabilité de son propre Soleil s’étant officiellement ébruitée. Qui plus est, si mes souvenirs sont bons, Kepler-452b n’avait qu’un soleil et pas deux ! Bref, que d’imprécisions… Enfin, je vois difficilement comment on pourrait déjà m’avoir envoyé cette carte intersidérale, comment j’ai pu la cacher sans m’en souvenir, et surtout comment je peux être en mesure de la lire aujourd’hui sans être morte depuis belle lurette… A moins, peut-être, que le voyage dans le temps n’existe déjà et que je ne m’en sois pas encore rendu compte !

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Le refuge

En foulant le sol de Puuhonua o Honaunau, en tournoyant entre ses hauts palmiers tout droit sortis d’une carte postale envoyée du paradis commun, en glissant les pieds dans le sable blanc et fin de sa plage, difficile d’imaginer que se jouaient là, au 17e siècle, des drames à répétition. Là, donc, un ancien refuge pour délinquants de l’époque ayant, volontairement ou pas, transgressé les lois sacrées locales ou « kapu ». Les tabous des anciennes lois hawaïennes.

Qu’un homme du peuple regarde ou touche un noble était par exemple interdit, a fortiori qu’il marche dans ses pas voire laisse malencontreusement traîner son ombre sur un sol sacré ; qu’un homme et une femme mangent ensemble n’était pas plus autorisé : et pas de chichi en ce temps-là, enfreindre ces tabous était passible de mort. Elle seule était en effet en mesure d’éviter la redoutable ire des dieux, se traduisant potentiellement par des éruptions volcaniques, des tsunamis, des tempêtes ou des séismes, le tout étant géologiquement fort probable dans cette zone tectoniquement active de cet océan Pacifique au nom bien trompeur (quand bien même Alfred Wegener n’allait naître que deux siècles plus tard)…

Le seul moyen de réchapper à la vindicte populaire – sans avoir tué de lion pour autant – était d’atteindre un de ces refuges sacrés, à temps, c’est-à-dire avant les chasseurs survoltés (alors même que l’électricité n’existait pas encore). A l’issue d’une période de durée variable de pénitence, le pécheur recevait, par l’entremise d’un kahuna (ou prêtre), le pardon des dieux qui renonçaient alors, merci à eux, à leur déchaînement destructeur et (sur)naturel digne des pires scénari de notre dérèglement climatique contemporain. Il pouvait alors rentrer chez lui, totalement blanchi, et reprendre une vie sociale normale, comme si de rien était…

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La fausse astuce

Méthode invasive et radicale pour éviter et donc parer un contre-jour disgracieux sur une photographie. Requiert une certaine force dans le poignet et l’avant-bras, ici droit, amené à porter seul l’appareil photo, potentiellement lourd, ainsi qu’une remarquable capacité d’extrapolation pour voir au-delà de l’intrus.

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Orange à mer

Trouver un petit coin en hauteur suffisamment isolé du tumulte ambiant pour se croire loin de tout, se poser face à l’océan, faire le vide en soi, n’écouter que le bruissement des vagues s’échouant délicatement sur la plage. Et le regarder descendre du ciel sans ciller. Et le voir colorer le monde de reflets mordorés. Et s’extasier, chaque jour, comme si c’était la première fois…

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Un jour sans fin

J’aime cette heure de la journée où les hommes, tous âges et tous genres – au sens large – confondus, mettent fin à leurs occupations et, tels des zombies contemplatifs reprogrammés, convergent prestement vers des aires dégagées ; s’y dégotent un petit coin de paradis, celui-là même où ils pourront se poser, puis, les yeux rivés au ciel, perdre paradoxalement toute notion du temps alors même qu’ils l’observent passer au fur et à mesure que s’éclipse l’étoile aux quatorze branches, destinée, chaque jour, à disparaître derrière l’horizon pour en illuminer d’autres. Alors, ils se relèvent, presque en chœur, se dispersent, nonchalamment, dans la pénombre devenant nuit, et s’oublient, les uns les autres. Jusqu’au lendemain, même heure environ, à quelques minutes près, où le même rituel magnétique se reproduit sans qu’ils s’en lassent…

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Playground

La vie ne tient qu’à un fil… de métal, de préférence. Oui, assumons et laissons-nous gaiement porter par l’enthousiasme et l’insouciance que revêtent parfois ces sentences un peu pressées et juvéniles. En regardant aujourd’hui cette image que j’ai eu un immense plaisir à composer hier (c’est une façon de parler), je mesure encore plus la chance que j’ai eue à cet instant-là.

Vous le constatez vous-même chaque jour, la lumière qui arrose gracieusement notre planète provient du Soleil. Elle met très exactement 8 minutes et 19 secondes à nous parvenir. Ce qui nous faisait dire, en primaire, que si le Soleil venait à exploser, nous ne le saurions que plus de 8 minutes après. Nous n’en serions pas saufs pour autant puisque nous n’en aurions pas conscience avant d’en ressentir les premiers effets dévastateurs. C’est sans doute mieux ainsi d’ailleurs. Imaginez la panique globalisée et totalement inutile de ces 8 dernières minutes de vie collective… Un peu moins en réalité pour ceux déjà en plein sommeil, qu’il faudrait réveiller pour leur annoncer la (mauvaise) nouvelle alors qu’il serait bien plus généreux de les laisser dormir… Au moins, ils ne se rendraient compte de rien !

Toujours est-il que pendant ce temps-là – comparable, en durée, à une efficace séance d’abdominaux, au récent triplé de Cristiano Ronaldo contre Grenade, à un résumé de la filmographie de Tom Hanks par lui-même, ou à un 3 000 mètres couru par un athlète rapide mais pas exceptionnel -, la lumière, elle, a parcouru la modique distance de 149 597 870 km. Distance généralement arrondie à 150 millions de km, quand bien même la différence (402 130 km) correspond à peu de choses près (enfin à 17 663 km tout de même, soit, en suivant la courbure de l’océan, à l’espace séparant Santiago du Chili de Hwado en Corée du Sud) à la distance moyenne entre la Lune et nous (384 467 km puisque vous voulez vraiment tout savoir). N’hésitez pas à griffonner un rapide schéma si vous n’avez pas tout suivi, tout s’éclaircira.

Voilà donc que cette extraordinaire lumière solaire a traversé l’espace, en frôlant peut-être Mercure et Vénus, avant d’arriver dans le chic patio du MoMa à New York. Et paradoxalement, ce n’est pas elle qui m’a attirée, mais au contraire, son absence – seulement due à sa présence – incarnée par ces ombres qu’elle a magnifiquement projetées au sol et qui n’auraient été que pur fantasme si un simple petit nuage s’était interposé entre le soleil et ces éléments bien terrestres…

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Le puzzle

Vous non plus, vous ne savez plus comment vous vous êtes arrivé ici ? Sans doute, et c’est là l’hypothèse la plus logique, êtes-vous en train de rêver… Un rêve en couleurs manifestement, même si elles sont peu nombreuses. Où vous êtes seul au milieu de nulle part. Une sorte de puzzle géant composé de millions de pièces assez semblables les unes aux autres. Un véritable casse-tête ! Vous êtes debout, vous tournez lentement sur vous-même. Le sol craque sous l’effet de votre poids et de cette lente rotation. C’est le seul son que vous entendiez. Un peu comme si vous marchiez dans la neige, mais sans vous y enfoncer. Et pour cause, ce sol-là est solide. Pire, il est saillant. Où que vous portiez le regard, il n’y a rien. Le néant absolu. A tel point que l’horizon vous semble à des années lumière, totalement inaccessible. Alors, puisque vous n’êtes pas en mesure de choisir dans quelle direction marcher, vous restez planté là, sans bouger, comme hypnotisé par la blancheur, par la chaleur croissante, par le vide qui vous enveloppent. Vous êtes là à attendre que quelque chose se passe tout en essayant de comprendre comment un endroit aussi ostensiblement hostile peut être beau et attirant à ce point ?

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Chromie matinale

La plupart du temps, je n’aime pas les vitres teintées, a fortiori les filtres, tout simplement parce qu’elles transforment les couleurs d’un réel que je suis potentiellement en train de découvrir. Or, je préfère faire sa connaissance sans artifice. Sans édulcorant. C’est une remarque générale qui dépasse les seules frontières des paysages. Pour autant, ballotée à l’arrière d’un mini-bus à une heure où la majorité des gens entrent dans leur phase de sommeil paradoxal et échafaudent les rêves avec lesquels ils se réveilleront et dont ils essaieront de se souvenir pour le partager au moins une fois, je n’ai pas résisté à capturer cette sortie solaire aux couleurs et aux contrastes rehaussés par un parebrise fumé, justement.

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L'épuisette solaire

Pour réchauffer vos longues et froides soirées d’hiver, voici une solution à la fois facile à mettre en oeuvre et ultra efficace : l’épuisette solaire. Calquée sur le modèle du filet de pêche, elle a pour avantage non négligeable de ne pas devoir avoir la taille du Soleil pour fonctionner, l’idée étant non pas d’attraper l’astre brillant lui-même pour le conserver chez soi (imaginez un peu le chaos que cela provoquerait dehors !) mais simplement de capturer quelques-uns de ses rayons, ni vu ni connu. La chaleur vient alors s’accumuler dans les mailles du filet, qu’il suffit de mettre en boule à la fin de l’été puis de ranger dans un coffre en pierre hermétiquement fermé jusqu’à l’arrivée de l’hiver et de sa chute de température. Vous n’aurez alors plus qu’à rouvrir le coffre, en extraire le filet encore tout chaud et l’étendre sur l’un de vos murs d’appartement ou de maison pour profiter pleinement et grâcieusement de cette douce chaleur venue du passé !

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Dans la vie...

Dans la vie, il faut choisir entre se déshabiller à 6h du matin alors qu’il fait 3°C dehors pour se glisser 4 minutes chrono dans une eau à 32°C avant de se sécher (et de se changer) rapidement et partiellement en plein air ou, rester emmitouflé dans son blouson et se satisfaire de prendre cette première catégorie de courageuses personnes en photo.

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