Photo-graphies et un peu plus…

Lorsque vous vous rendez à Londres par exemple, vous savez que, si vous le désirez, vous pouvez voir Buckingham Palace ; dans le golfe du Tonkin, la Baie d’Halong ; si vous allez à New York, vous vous attendez à apercevoir la Statue de la Liberté ; à Gizeh, la pyramide de Khéops ; à Paris, la Tour Eiffel ; à Niagara, les chutes éponymes ; à Yulara, Ayers Rock et ainsi de suite. Même si vous n’y êtes qu’une seule et unique journée. De façon générale, vous savez que, sauf cataclysme totalement imprévisible mais possible, en vous déplaçant sciemment à tel ou tel endroit pour admirer tel monument ou telle merveille de la nature, vous pourrez effectivement observer l’objet de votre désir. Le voyage a ses certitudes et elles sont les bienvenues. D’un certain point de vue, c’est la moindre des choses puisque cet élément convoité – naturel ou créé par l’homme donc – peut être ce qui a motivé l’évasion. Et il est rassurant de pouvoir se reposer sur leur pérennité même si les uns et les autres se dégradent irrémédiablement, du fait du temps qui passe et qui polit tout sur son passage, et de la présence même de l’homme, même respectueux de ce qui l’entoure.

Au même titre que les photos publicitaires sont généralement non contractuelles, cette convergence du désir du voyageur et de la réalité n’est pas garantie, quels que soient les efforts fournis ou les conditions réunies pour y accéder. Elle est certes courante, mais pas certaine. Vous pouvez ainsi planifier une semaine de safari au Kenya et ne voir que d’affreuses hyènes, de banales antilopes ou d’amusants suricates alors que vous rêviez de croiser le regard de lions, de girafes, d’éléphants ou encore de zèbres… Bon, j’avoue, vous n’auriez vraiment pas de chance… Reste que la rencontre avec ces animaux, même évoluant dans un parc et suivis à la trace par des pisteurs dévoués et missionnés pour vous satisfaire, est aléatoire, hors de portée de ce que vous maîtrisez habituellement. Et c’est en partie ce doute, cette attente pleine d’espérance qui rend la confrontation si puissante lorsqu’elle arrive. Et la frustration immense lorsqu’elle n’a pas lieu.

Il en est de même avec les phénomènes extra-terrestres. En particulier, les aurores. Boréales, australes, ne chipotons pas pour les hémisphères… Même lorsque les conditions optimales sont réunies donc — faire l’équilibriste à l’extrême nord du globe (entre 63°N et 70°N) – ce qui n’est déjà pas une mince affaire – ; choisir la bonne période, entre septembre et mars – ce qui laisse une fenêtre assez large – ; privilégier une année où l’activité du soleil, à l’origine de ce spectacle renversant, est à son apogée – en ce moment et pour un an encore ; multiplier les chances d’en voir – en restant plusieurs jours dans ladite zone –, vous pouvez rentrer bredouille de votre pêche au miracle atmosphérique ou avec quelques sardines dans le filet alors que vous rêviez de marlins, d’espadons et autres barracudas. En l’occurrence, cette aurore-là, si belle soit-elle avec le recul, est une sardine. Si déplacé que cela puisse résonner pour qui n’en a jamais vu. Niveau 1 sur une échelle en comptant 10. Ce qui laisse imaginer le séisme sensoriel que peut provoquer la vue de cette danse autant particulière que particulaire de niveau 5, 7 voire plus. Un Graal émotionnel que j’ai, par chance ou malchance, pu ressentir, à l’occasion de mon dépucelage auroral totalement inattendu il y a une douzaine d’années. Un Graal émotionnel que je cherche donc à revivre depuis, que je souhaite à chacun d’éprouver tant il dépasse l’entendement, et qui motivera une nouvelle évasion avec son lot d’aspiration, d’inspirations, de gorge serrée, de larmes versées et d’éblouissement certain… Et finalement, ne pas être sûr de ce que l’on va découvrir ailleurs est une belle façon de ne pas se lasser du voyage…

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Je me souviens parfaitement de ma réaction en débarquant sur cette plage de Waikiki : une étrange sensation d’être entrée dans une affiche publicitaire sans m’en rendre compte… Vous savez, de celles qui, en hiver voire aux prémices d’un été nommé désir, vous narguent dans les couloirs parfois suintants et glauques du métro parisien, tel un idéal inaccessible.

Tout relève tellement du cliché – les cocotiers et leurs ombres marbrant le sable blanc et fin, l’eau turquoise où l’on s’imagine déjà voir jusqu’à ses orteils posés sur un sol vierge, le ciel bleu ponctué de nuages dessinés au pinceau, les touristes nonchalants sur leurs transats, les parasols aux couleurs vives, la blanche colombe posée sur le rocher au premier plan… – que la supercherie paraît inéluctable. Où est le directeur de la photographie, la cantine des figurants, où sont les spots lumineux, les décorateurs et filtres de couleurs ? Où est la preuve que tout ce décorum n’a été créé qu’à des fins mercantiles ? Pour vendre des bikinis, des alcools forts ou des vacances de rêve… Nulle part. Aussi artificiel qu’elle semble l’être, cette image n’est que le fruit d’une lointaine réalité. Je suis dans le rêve de quelqu’un d’autre. Et je le saurai bien assez vite…

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… « en utilisant ses jambes était efficace jusqu’à un certain point. Au-delà, curieusement, on stagnait. Et enfin, son intuition réclamait de lui qu’il ne bouge pas de là. Qu’il s’applique »*… en utilisant ses jambes était efficace jusqu’à un certain point. Au-delà, curieusement, on stagnait. Et enfin, son intuition réclamait de lui qu’il ne bouge pas de là. Qu’il s’applique uniquement à observer ce qui défi… en utilisant ses jambes était efficace efficace jusqu’à un certain point. Au-delà, curieusement, on stagnait. Et enfin, son intuition réclamait de lui qu’il ne bouge pas de là. de là. de là. Qu’il s’applique uniquement à observer ce qui défilait devant ses yeux… efficace jusqu’à un certain point. Au-delà, curieusement, on … Et enfin, son intuition réclamait … qu’il ne bouge pas … Qu’il s’applique uniquement à observer ce qui défilait devant ses yeux… ses yeux… ses yeux… ce qui défilait devant ses yeux, sans perdre son sang-froid, et qu’il ne laisse rien échapper. Sa vieille intui…

Voilà, vous avez sombré. Morphée a gagné. « Je vais lire quelques pages avant de m’endormir… » Vous vous le dites tous les soirs. Vous vous couchez, ouvrez votre livre à la page 273 alors même que vous luttez déjà contre la fermeture automatique des paupières. Cela va faire venir le sommeil. Vous vous le dites, même si, visiblement, un stimulant n’est pas nécessaire. Alors, vous commencez à lire. Une phrase, puis deux, et enfin trois… Au bout de la quatrième, vous réalisez que vous n’avez pas tout à fait compris ce que l’auteur voulait dire… La phrase est simple pourtant. Alors, vous relisez, une fois, deux fois… Les yeux se ferment. Puis s’ouvrent à nouveau. Comme un éclair. Vous la relisez une troisième fois mais vous n’y comprenez toujours rien. Là, vous vous ressaisissez, vous n’allez quand même pas abandonner si vite ! La lecture reprend, les pupilles dilatées, le cerveau en sourdine. La lumière pique, la fatigue persiste… Vous avez avancé de deux lignes depuis le début… Et encore, vous n’êtes toujours pas sûr d’avoir réellement saisi le propos. Enfin, les mots, vous les comprenez, mais leur enchaînement vous semble abscons. Tout devient légèrement flou, puis très flou, sombre… Vous basculez de l’autre côté… Vous êtes déjà au pays des songes, sur une plage où dansent des sylphides allongées… Vos muscles se détendent, ce que vous ne sentez pas jusqu’à ce que votre livre vous tombe brutalement sur le visage… Là, une petite voix vous susurre de rester sur la plage, tandis qu’une autre, bretonne sûrement, vous incite à persister, à maintenir les yeux ouverts, quitte à utiliser des forceps, et à lire, lire, lir… Au moins aller au bout de la page, là. Quand même, ce n’est pas bien compliqué. Il n’y a que six lignes. Six lignes… Vous les lisez pour vous donner bonne conscience et posez votre livre sur votre table de nuit. Extinction des feux. Le lendemain soir, comme après une bonne cuite imaginaire, vous ne vous souvenez plus de rien. Des bribes seulement, quelques mots par ci par là, pas de quoi en faire un roman… Alors vous reprenez la lecture, non pas là où vous vous étiez arrêté, car vous ne savez strictement pas où se trouve cet endroit, mais bien avant. Et sans vous en rendre réellement compte, voilà que vous absorbez pour la troisième fois consécutive les mêmes mots, les mêmes phrases, les mê… On est où ? Que se passe-t-il ? Je crois que je me suis assoupie !

* La première phrase de ce billet est extraite de 1Q84, Livre 3, de Haruki Murakami

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« Si l’homme avait dû voler, il aurait des ailes ! » Voilà, en substance, ce qu’a dit Bob, appelons-le Bob mais ce n’est pas son vrai nom, pour justifier le fait qu’il n’ait jamais pris l’avion malgré ses probables plus de 50 printemps. Et il ne le prendra jamais, d’ailleurs. Bob, rencontré à une table d’un wagon restaurant où l’on demande aussi aux serveurs d’être équilibristes et jongleurs, dans un train donc, qu’il n’aime pas trop non plus, n’est jamais sorti des Etats-Unis. Le pays est grand, cela reste concevable. Né au New Jersey, il vit aujourd’hui en Géorgie. New Jersey – Géorgie, c’est la distance la plus longue qu’il ait parcourue dans sa vie. Et, pendant toutes ces années au New Jersey, il n’a jamais mis les pieds à New York. Il répète. Il n’a jamais mis les pieds à New York. Cela ne l’intéressait pas. Le rêve de tant de personnes ne lui disait rien. Soit. Même pas par curiosité.

Il lâche cela spontanément, avec un petit sourire, content de l’étonnement produit sur son maigre auditoire migrateur. Bob, il a des yeux bleus, clairs, perçants, qui font penser à des portraits d’Avedon, mais en couleurs. Ses rides sourient constamment. Bob est heureux avec sa liberté – il a toujours été indépendant -, sa pêche, son golf et son auto. Il n’a pas besoin d’autre chose, Bob, et on le croit, sincèrement, tout en l’enviant un peu, mais juste un peu. Non, pas le golf ou la pêche, mais d’être satisfait. C’est rare de trouver une personne qui soit satisfaite de son présent, de ce qu’elle a. Sans faire de généralités, nous sommes globalement tous des pros du conditionnel et des mises en bouteille. Mais Bob, ça va. Même s’il a peur de l’avion et qu’il ne veut pas l’avouer. Car, comme il pourrait le dire lui-même, « si l’homme avait dû rouler, il aurait des roues ! ». Il n’en a pas, ce qui n’empêche pas Bob d’adorer conduire des heures durant sans s’arrêter entre le New Jersey et la Géorgie !

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Commençons par le début. Et au début, il y a toujours une illustration. L’image au-dessus, là. Différente de celles que je mets en ligne généralement sur ce site. Et pour cause, c’est la couverture d’une des dernières nouvelles de Kristophe Noël, « Fracas », en accès libre sur son tout nouveau blog littéraire, k. Une commande spéciale puisque je lui avais, moi-même, soufflé le sujet de la nouvelle !

« Fracas » ou les tribulations héroïques d’un français en plein cœur d’une gargote japonaise d’Osaka, pour paraphraser le début du titre d’un fabuleux livre de Frédérick Tristan. Je vous laisse chercher, trouver et savourer !

Revenons à Panurge. « Fracas », c’est drôle, c’est remuant, c’est loufoque, c’est un délice, ça se boit comme un verre de saké !

N’en jetez plus, la coupe est pleine, vous dites-vous ! Et non ! Lorsque vous en aurez achevé la lecture, rincés, vous pourrez ensuite vous plonger dans « Le Magicien » et « Le piano »… Les deux sont un brin surréalistes, mais c’est ce qui fait la patte de Kristophe Noël. Un grain de folie enthousiasmant, motivant, rafraîchissant et que l’on a envie de suivre… Ce que je fais depuis plusieurs mois… Kristophe m’a un jour demandé de lire un de ses textes, en fait son premier roman, Je ne suis plus japonais sauf en hiver (voir la première bande annonce littéraire au monde…), et rapidement, nous avons commencé à travailler ensemble. Avec moi dans le rôle de la méchante bien sûr, celle qui dit un peu plus de sel ici peut-être, un peu plus de poivre là je pense, et puis, ça, c’est peut-être mieux ainsi…

C’est un réel investissement et je n’en avais pas forcément conscience au départ. D’autant que le garçon est très productif : je vous invite, pour vous en convaincre, à découvrir la liste des titres des nouvelles qui vous attendent dans les prochains jours ou semaines… Mais, au risque de paraître un peu trop rose bonbon, je n’ai pas hésité plus d’une micro seconde. Plusieurs raisons à cela : Kristophe est un ami et ça, c’est précieux ; j’aime l’écriture et l’édition sonne régulièrement à ma case « projet » (la porte s’ouvrira bien un jour… là, maintenant ?) ; mais surtout, Kristophe a du talent, je crois en lui, l’écriture le nourrit fantastiquement (spirituellement, on s’entend), il y met une énergie admirable, donnant parfois des complexes, et j’ai tout simplement envie qu’il accède à son rêve… de publication !

Les rêves, nous en avons tous à la pelle. Parfois, certains se réalisent et c’est un bonheur indéfinissable, mais souvent, ne nous leurrons pas, nous finissons par lâcher un « j’aurais voulu… », petite formule assassine qui dit, en deux mots, que nous n’y croyons déjà plus. De fait, quand un rêveur croise une rêveuse, forcément, il y a du souci à se faire… Les voilà qui y croient dur comme fer à deux ! Et je veux croire que la persévérance, la patience et le travail mènent plus haut que ces barrières, ces murs, ces obstacles qui se glissent parfois sur nos chemins… Bref, allez vous balader dans le monde de k, et vous m’en direz des nouvelles ! Ah, ah, ah…

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Un matin neigeux. Aucun arc en ciel à l’horizon et pourtant, une mélodie sort de moi encore et encore. Et je n’ai même pas vu Le Magicien d’Oz. Pour tout dire, je ne sais pas vraiment d’où elle sort. Over the rainbow donc. C’est donc cette histoire d’espoir d’un monde coloré, de peines perdues au loin derrière les nuages, de soucis qui fondent comme des boules de glace au citron (si, si), de rêves qui deviennent réalité qui passe en boucle dans ma bouche. Bien sûr, je ne fais que fredonner l’air multicolore et ne découvre que maintenant les paroles de cette chanson créée en 1939 pour Judy Garland. Pour rompre le fil – je ne peux décemment pas rester avec cette chanson accrochée à moi toute la journée -, je décide de tenter l’overdose en l’écoutant en boucle. Direction le site du requin qui groove. Je tapote les quelques lettres du titre et là, s’ouvre devant moi, une liste d’interprétations que j’étais à mille lieues de soupçonner. Un véritable exercice de style ou un bizutage de chanteur ?

Le désir de se défaire de l’arc en ciel se mue en expérience musicale : écouter toutes les interprétations proposées. Une petite cinquantaine au bas mot, Ray Charles, Jewel, Tom Jones, Aretha Franklin, Cosmic Gate, Israël Kamakawiwo’ole, Rufus Rainwright, Barbra Streisand, Beyoncé, Nina Hagen, Jimmy Hendrix, Elvis Presley, Tom Waits, Melody Gardot et j’en passe donc. Il y en a pour tous les goûts, de toutes les époques – jusqu’à 2010 avec Jeff Beck -, de tous les styles musicaux – jazz, techno, électronique, instrumental, ukulele, soul, lyrique, folk… -, des fidèles à l’originale, des déjantées, des inspirées, des amusantes (involontaires je présume), des passionnées, des traduites, des perchées… A chaque fois, la structure et les paroles sont respectées, mais tout le décorum change. Réinventer un classique n’est pas aisé et certains se donnent du mal pour se démarquer. Ecouter ces différentes versions, c’est aussi un peu parcourir l’histoire des courants musicaux de ces 70 dernières années… Cela n’est pas sans me rappeler le couple formé par le négatif et le tirage en photo. Si le négatif est unique – les paroles, la structure -, les tirages – l’interprétation – eux, faits ou pas par la même personne, peuvent se multiplier à l’infini, offrant ainsi des approches totalement différentes d’une même image. Le passage au numérique ne fait qu’étendre le champ des possibles. Mais, d’un certain point de vue, il est aussi réconfortant de constater qu’un tel appel à un monde idéal empli d’amour et de joie – ça a quand même un petit goût de sucre d’orge non ? – a pu être le point de convergence et de ralliement de personnes a priori si opposées les unes des autres…

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Le passage à la nouvelle année à New York, au même titre que « Voir Venise et mourir » ? Je n’irai pas jusque-là, mais l’être humain, donc, moi, accessoirement, aime se dire qu’il a certaines choses à faire absolument : « c’est à faire au moins une fois dans sa vie ! ». C’est la formule consacrée, quelle que soit ladite chose. Et une fois la fois passée, il se dit ma foi, qu’il peut passer à autre chose, bon consommateur de rêve réalisé qu’il est.

Donc, dans ma liste c’est-à-faire-au-moins-une-fois-dans-ma-vie figure, ou plutôt, figurait : être à Times Square le réveillon du nouvel an, au milieu de la foule, sous les millions de confettis et les feux d’artifice, faire le décompte des dernières secondes de l’année avec des centaines de milliers d’inconnus, crier de joie au passage attendu, se sentir emporté par une vague salutaire de bonne humeur, d’exaltation et de simplicité… Vous savez, toutes ces choses que l’on voit dans les films, des comédies romantiques – je ne citerai que le cultissime Quand Harry rencontre Sally où l’on ne fait d’ailleurs qu’entendre la fête – aux films de science-fiction – un unique exemple aussi avec Strange Days qu’il serait de bon aloi de revoir aujourd’hui. Voilà comment l’on se retrouve à mettre : « Passer un réveillon du 31 à Times Square » sur notre liste CAFAMUFODAVI – un acronyme qui ne passera pas cette histoire…

La proximité aidant, 2010 était l’année indiquée pour rayer cette ligne de cette liste inventée. Envers et contre tout. D’abord, une tempête de neige sans précédent à New York quelques jours avant les festivités, puis différentes mises en garde ou tentatives de découragement : « ça fait 15 ans que je vis ici et je ne l’ai jamais fait, il y a beaucoup trop de monde », « c’est totalement inintéressant ! », « Oh la la, jamais je ne ferai ça, il y a un monde fou ! ». Croyez-vous que cela fasse changer d’avis quelqu’un qui souhaite ardemment réduire la longueur de sa liste CAFAMUFODAVI ? Non ! Bien évidemment. A peine cela ébranle-t-il sa motivation. Soit, il y aura du monde. Renoncer si près du but ne rimerait d’ailleurs à rien et il est toujours préférable de se forger sa propre opinion sur des événements aussi importants !

Après Otages de la nuit, Le tour du Cartier, que je vous invite à découvrir si ce n’est déjà fait, voici donc une nouvelle histoire photographique, La chute du mythe de Times Square ! Oui, oui, vous pouvez cliquer…

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Les habitants de cette planète pas toujours bleue ont besoin de mystères un brin poétiques pour se soulager et oublier, temporairement, les maux, les agressions, les malentendus, enfin, tout ce qui fait que parfois, la vie est grave, du quotidien. Le mystère injecte alors dans leur sang une délicieuse petite dose de rêve et de futilité. Paradoxalement, sitôt confronté à un de ces fameux mystères, le premier réflexe d’homo sapiens sapiens est de vouloir l’élucider, de déterminer où, quoi, comment, pourquoi, par qui ce mystère existe-t-il, en somme, de rompre le charme de l’inconnu, d’interrompre au plus vite le rêve éveillé… N’est-ce pas bizarre ? Sommes-nous à ce point incapable de vivre sans chercher de réponses à nos questions ?

Ce qui est excitant dans un mystère est que tout devient de l’ordre du possible. Le temps de l’enquête, de la rationalisation, de l’explication, des centaines d’hypothèses sont formulées, autant d’histoires inventées par les personnes qui y sont confrontées. Et plus la piste est longue à remonter, plus les théories deviennent farfelues. La vérité, car « on » finit toujours par la trouver, est d’ailleurs souvent moins extravagante que ce que l’imaginaire a fait naître… C’est ce qui s’est passé avec ce vieux piano à queue de 300 kilos retrouvé un matin sur un banc de sable d’une plage de Floride, comme s’il y avait été déposé par une escouade de pélicans. Le plus étonnant est qu’il semblerait que ce ne soit pas la première fois qu’un piano est retrouvé dans un endroit totalement inapproprié. En novembre 2008, un piano droit et sa banquette, neufs, étaient en effet apparus au beau milieu d’un bois de Harwich, Massachusetts. Et quid de celui-ci, là-haut ? Exposé dans ce qui a vraisemblablement été une boutique, désormais abandonnée, flanquée d’un écriteau, invisible mais il faut me croire sur parole, sur lequel est inscrit « Espace à louer ». Une invitation qui pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. « Pianos à vendre » aurait été plus opportun.

Quoi qu’il en soit, l’image du piano aqueux a fait le tour du monde, renvoyant certains aux premières scènes du film de Jane Campion, La leçon de piano. La lumière a rapidement été faite sur cette installation inattendue et l’instrument torturé (il faut dire qu’il a d’abord été entreposé dans un garage pendant des années, gratuitement brûlé le soir du 31 décembre, puis transporté en bateau avant d’être lâchement abandonné, pour des raisons artistiques, sur une langue de sable cernée par l’océan) a même trouvé un nouvel et heureux propriétaire. Happy end oblige. Même les pianos ont droit à une seconde chance ! Y a pas de mystère, quel pays !

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Que c’est beau ! Prochaine destination de voyage ? Plage de sable blond, mer tranquille, ciel bleu aux nuages inspirés… Vous vous y voyez déjà. La petite silhouette qui se détache à l’horizon, c’est vous. Vous en êtes sûr. Mais, ne vous emballez pas ! En bas sur le côté, en tout petit, si petit que l’on ne le voit pas, une petite astérisque mentionne que la photo n’est pas contractuelle. On nous vend du rêve, on nous offre ce que l’on veut voir. Tant pis si, sur place, la pluie est au rendez-vous, si la plage est recouverte d’algues et de bouteilles plastique en fin de dérive océanique, et si une voie ferrée (obsession passagère, ah ah) passe juste de l’autre côté de la barrière de palmiers, venant régulièrement interrompre votre quête de sérénité. Vous y avez cru à un moment, vous avez acheté votre billet et c’est parfois l’essentiel. Un mauvais pli pris parfois par les musées aussi…

Il serait de bon ton d’exporter ce concept d’astérisque aux conférences et séminaires, qui, d’une autre façon, nous vendent (gratuitement certes) du rêve, à travers des mots, des titres et des formulations susceptibles d’attirer le curieux… Bien caché : programme non contractuel. Un exemple. Octobre 2008. « Le futur a-t-il un avenir ? » séminaire organisé par le Centre Pompidou. Journée réjouissante, sur le papier, avec un parterre de connaisseurs sur la scène, des thèmes promettant des échanges passionnants… Qui, dans la réalité, s’effondre comme un soufflé à la cuisson interrompue par la curiosité du gourmand. La moitié des invités est absente. Ils s’excusent. Conférence annulée. L’autre écourtée. L’autre totalement réorientée faute de combattants. Si le futur a un avenir, par nature, le présent ne semble pas en avoir. La salle est progressivement désertée au fur et à mesure que les heures passent. Comme hier. Dans cette petite salle du département Media de McGill. « The human after the post-humanist critique or, the fantasy of Interspecies Ethics ». Impatience. Evidemment, à lire ce titre, on ne s’attend pas à assister à une conférence portant exclusivement sur les animal studies et à voir des photos de chiens (même pas des robots) parsemer la présentation. Non, on ne s’attend pas à entendre parler des théories, notamment de Derrida, sur les relations entre l’homme et l’animal, sur les droits des animaux… Certes, c’est sûrement intéressant mais le fait est que ce n’est pas ce que laissait entendre l’annonce. Par conséquent, l’attention se dissout totalement (Mayde, Mayde, décrochage imminent ! John, je crois qu’on l’a perdu ! Cerveau inactif sur les radars…), la succession de mots prononcés dans une langue étrangère se muant en une sorte de musique d’ambiance imposée. Evidemment, a posteriori, lorsque l’on relit attentivement la présentation habilement complétée entre le jour où on a mis une croix dans notre agenda et le jour J (et que l’on n’a pas re-regardé malheureusement), on peut comprendre qu’elle risque de prendre une autre tournure que celle instillée par le titre. C’est le danger à assister à une conférence avec des idées précises sur son contenu potentiel. Je vais guetter donc la prochaine série sur la communication grand public, peut-être y parlera-t-on de publicité mensongère ?

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