Photo-graphies et un peu plus…

Share on Facebook

category: Actus
tags: , , , , , , ,

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook

Lorsque vous vous rendez à Londres par exemple, vous savez que, si vous le désirez, vous pouvez voir Buckingham Palace ; dans le golfe du Tonkin, la Baie d’Halong ; si vous allez à New York, vous vous attendez à apercevoir la Statue de la Liberté ; à Gizeh, la pyramide de Khéops ; à Paris, la Tour Eiffel ; à Niagara, les chutes éponymes ; à Yulara, Ayers Rock et ainsi de suite. Même si vous n’y êtes qu’une seule et unique journée. De façon générale, vous savez que, sauf cataclysme totalement imprévisible mais possible, en vous déplaçant sciemment à tel ou tel endroit pour admirer tel monument ou telle merveille de la nature, vous pourrez effectivement observer l’objet de votre désir. Le voyage a ses certitudes et elles sont les bienvenues. D’un certain point de vue, c’est la moindre des choses puisque cet élément convoité – naturel ou créé par l’homme donc – peut être ce qui a motivé l’évasion. Et il est rassurant de pouvoir se reposer sur leur pérennité même si les uns et les autres se dégradent irrémédiablement, du fait du temps qui passe et qui polit tout sur son passage, et de la présence même de l’homme, même respectueux de ce qui l’entoure.

Au même titre que les photos publicitaires sont généralement non contractuelles, cette convergence du désir du voyageur et de la réalité n’est pas garantie, quels que soient les efforts fournis ou les conditions réunies pour y accéder. Elle est certes courante, mais pas certaine. Vous pouvez ainsi planifier une semaine de safari au Kenya et ne voir que d’affreuses hyènes, de banales antilopes ou d’amusants suricates alors que vous rêviez de croiser le regard de lions, de girafes, d’éléphants ou encore de zèbres… Bon, j’avoue, vous n’auriez vraiment pas de chance… Reste que la rencontre avec ces animaux, même évoluant dans un parc et suivis à la trace par des pisteurs dévoués et missionnés pour vous satisfaire, est aléatoire, hors de portée de ce que vous maîtrisez habituellement. Et c’est en partie ce doute, cette attente pleine d’espérance qui rend la confrontation si puissante lorsqu’elle arrive. Et la frustration immense lorsqu’elle n’a pas lieu.

Il en est de même avec les phénomènes extra-terrestres. En particulier, les aurores. Boréales, australes, ne chipotons pas pour les hémisphères… Même lorsque les conditions optimales sont réunies donc — faire l’équilibriste à l’extrême nord du globe (entre 63°N et 70°N) – ce qui n’est déjà pas une mince affaire – ; choisir la bonne période, entre septembre et mars – ce qui laisse une fenêtre assez large – ; privilégier une année où l’activité du soleil, à l’origine de ce spectacle renversant, est à son apogée – en ce moment et pour un an encore ; multiplier les chances d’en voir – en restant plusieurs jours dans ladite zone –, vous pouvez rentrer bredouille de votre pêche au miracle atmosphérique ou avec quelques sardines dans le filet alors que vous rêviez de marlins, d’espadons et autres barracudas. En l’occurrence, cette aurore-là, si belle soit-elle avec le recul, est une sardine. Si déplacé que cela puisse résonner pour qui n’en a jamais vu. Niveau 1 sur une échelle en comptant 10. Ce qui laisse imaginer le séisme sensoriel que peut provoquer la vue de cette danse autant particulière que particulaire de niveau 5, 7 voire plus. Un Graal émotionnel que j’ai, par chance ou malchance, pu ressentir, à l’occasion de mon dépucelage auroral totalement inattendu il y a une douzaine d’années. Un Graal émotionnel que je cherche donc à revivre depuis, que je souhaite à chacun d’éprouver tant il dépasse l’entendement, et qui motivera une nouvelle évasion avec son lot d’aspiration, d’inspirations, de gorge serrée, de larmes versées et d’éblouissement certain… Et finalement, ne pas être sûr de ce que l’on va découvrir ailleurs est une belle façon de ne pas se lasser du voyage…

Share on Facebook

Share on Facebook

Je me souviens la première fois que j’ai écouté The Wall. Il y a quelques musiques, comme l’album de Pink Floyd, avec lesquelles la première rencontre a été si forte qu’elle reste vive dans mon esprit. Yann Tiersen et Le Phare par exemple. C’était en 1998. A Kerguelen. « Ecoute, tu vas aimer… » Je me suis assise sur le carrelage blanc cassé de la cuisine de la cantine de la base de Port-aux-Français, j’ai mis le casque sur mes oreilles, les bruits de casseroles, de couverts et de tambouille se sont éteints et la mélancolie de Yann Tiersen m’a enveloppée. Pendant des années. Aujourd’hui, quand le hasard me fait entendre Monochrome ou La Dispute, je sombre par 49°S 70°E.

Jusqu’à récemment, le 1er janvier exactement, quand j’écoutais The Wall, il y avait toujours un moment où je remontais encore plus dans le passé. Une colo à Anglet, à la fin des années 80 peut-être. On utilisait encore des walkman et des cassettes qui se rembobinaient en plusieurs minutes. C’était le temps où on avait le temps… Je me souviens d’un temps de vacance, de calme dans ma chambrée partagée. Elle était plus âgée que moi. Je me souviens d’un détail étrange aussi à son propos : en appuyant sur ses pouces avec ses index, elle réussissait presque à toucher ses poignets… Toujours est-il qu’elle m’avait prêté son walkman avec sa cassette de The Wall dedans. C’était un peu la grande qui initiait la petite à la vraie musique… Je l’ai interprété comme ça. A la première écoute, j’étais conquise, emballée, envoûtée même si je ne comprenais pas vraiment les paroles ni le sens de l’histoire dont je percevais malgré tout l’âme.

Et voilà que cette image un peu surannée est en passe d’être remplacée par une scène bien plus récente et toute aussi forte. Il est autour de 2h du matin, j’ai passé les 6 dernières heures à chasser des aurores et des étoiles au nord de Tromso, au cœur des fjords dans lesquels s’engouffre la mer de Norvège, je suis collée au fond d’une Volvo break, les joues rougies par un mélange de joie et de froid, conduite par George, le guide écossais que je n’aurais compris qu’un mot sur deux et encore, qui connaît parfaitement les pistes, se permettant de filer dessus à vive allure malgré la couche de neige et de glace qui la rehausse et la rend imprévisible… Les montagnes sublimement éclairées par la lune gibbeuse aux airs de soleil nocturne défilent de l’autre côté de la vitre tandis que la voiture est secouée par les spasmes enivrant de The Wall… Cela aurait pu être n’importe quoi ; George aurait pu être fan des Beattles ou des Rolling Stones. Non, pour le scottish, c’était Pink Floyd ! Is there anybody out there? Quand j’entends les premières notes, je pense que ce rock-là est ce qui pouvait résonner de mieux dans ces circonstances-là à cet instant-là. Les refrains s’enchaînent, on chante à tue tête, we don’t need no education, we don’t need no thought control, no dark sarcasm in the classroom… La neige autour, les montagnes dressées comme des murs infranchissables, le ciel pailleté, les routes sinueuses, la pêche miraculeuse (une poignée d’aurores pour des millions d’étoiles), la musique à fond, c’est bien du bonheur dont ce mélange avait le goût. Comment penser à autre chose désormais en appuyant sur Lecture ?

Share on Facebook