Photo-graphies et un peu plus…

Mon exposition « Viva Cités en résidence O’Bahamas » est toujours visible ! Il s’agit d’une sélection de 30 photo-graphismes issus de Viva Cités, présenté dans son ensemble en mars 2009.

Cela se passe ici : Studios O’Bahamas /// 52 rue Deguingand /// 92 300 Levallois
N’hésitez pas aller y faire un tour ! Et sinon, il y a toujours la galerie virtuelle

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J’ai longtemps cru qu’il s’agissait d’une légende, d’un conte que l’on racontait aux enfants agités pour avoir enfin la paix, tétanisés par cette peur qu’ils recherchent parfois. J’avais d’ailleurs fini par totalement oublier cette histoire ridicule jusqu’à ce que je ne tombe sur cette double empreinte ensablée, lors d’une errance banale sur un bord de lac suisse, un jour comme un autre, avec un « di » dans son nom. L’homme à la patte de chien… Je suis restée en arrêt devant pendant cinq bonnes minutes tout en cherchant, en vain, le mythe du regard.

Voilà ce dont je me souviens. Un jour d’hiver particulièrement rigoureux dans un village de montagne très isolé, un petit garçon, voulant rattraper le chiot que lui avait offert son père quelques mois plus tôt pour son anniversaire de 8 ans, avait glissé sur une plaque de verglas et dévalé un ravin rocailleux. Le choc avait été si violent qu’il en avait perdu connaissance. En se réveillant quelques heures plus tard, il était fiévreux et une affreuse douleur le lançait à sa jambe droite. Cassée en mille morceaux, plaies ouvertes… Un vrai carnage. Tandis que son père était parti chercher le médecin du village d’à côté (deux jours de marche dans la neige…), sa mère tentait de lui rendre l’attente supportable. Malheureusement, sa jambe s’était infectée de façon fulgurante et à l’arrivée du médecin, la seule option envisageable était l’amputation. Le père ne pouvant imaginer son fils unijambiste eut alors une idée un peu folle… Greffer une patte du chiot à son fils. Le médecin n’était-il pas aussi vétérinaire ? Et après tout, il lui en resterait trois, au chiot ! Passée la stupeur et n’ayant pas vraiment le choix – le père tenait une hache au-dessus de sa tête pendant toute l’opération -, le médecin s’était exécuté. Il avait greffé la patte avant droite du chien au petit. Et contre toute attente, la greffe avait pris. Tellement bien que la patte de chien, certes plus poilue, avait grandi au même rythme que la jambe gauche, humaine. Le garçon devenu homme s’était très bien accommodé de ce membre un peu particulier malgré une claudication on ne peut plus logique et son chien avait sautillé à ses côtés, avec ses trois pattes, pendant des années… Ils étaient restés dans la région, inséparables, un peu comme les deux doigts de la main, quand leur histoire l’avait quittée pour parvenir aux oreilles des parents parfois exaspérés… A vrai dire, ils n’y croyaient pas vraiment mais ils racontaient cette mésaventure avec tant de ferveur que les enfants ne bronchaient pas… Moralité : ne pas aller voir une rétrospective d’Otto Dix avant de se pencher sur le duo du jour !

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Dans la file d’attente pour l’exposition photographique de Martin Parr, la tentation était trop grande. Le regardeur regardant le regardeur regardant et les regardés regardant le regardeur… La galerie commence dès les jardins, rendant l’attente moins longue (et distrayante donc) tout en ayant un effet aimant sur les promeneurs du dimanche passant par là.

Aimant mais un peu trompeur aussi. Ce qu’il y avait à l’intérieur n’ayant « rien » à voir avec ce qui brillait à l’extérieur… C’est d’ailleurs une (récente ?) petite manie d’exposant de faire du teasing avec ce qui est susceptible d’attirer le quidam au tiroir caisse. Passé ce cap, la moitié du chemin est déjà franchie.  Dernier exemple en date : l’exposition sur la peinture italienne au Musée des Beaux Arts de Caen avec, en premier sur l’affiche, le nom, rassembleur, de Botticelli. En fait, de Botticelli, il n’y avait qu’un seul et unique tableau, et encore, pas des plus représentatifs de son portfolio… Alors, art-naque ou pas ?

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Dieu a dit : sape toi bien ! « Dieu a dit : sape toi bien » dit l’affiche ! C’est ce qui saute aux yeux quand on s’approche de ce mur situé à proximité du très parisien Canal Saint-Martin. Un large et haut mur qui invite à l’expression, à l’art éphémère. Ou au street art comme on dit maintenant. Et il en a véhiculé, ce mur, des images, des messages, des dessins, des graff… En attestent ces coups maladroits de peinture jetés à la va-vite par les services de la ville pour en faire disparaître la trace ; en attestent ces points blancs, autant de résidus d’affiches collées puis décollées par ces mêmes représentants de l’intégrité murale… Des expositions temporaires en permanence avec une équipe de décrochage gratuite ! La seule inconnue, c’est la durée de l’exposition…

Mais revenons à cet étrange message – Dieu a dit : sape toi bien ! – et à cette étonnante mise en scène – trois crucifix parallèles… Humour ? Je ne parle pas du monsieur qui passait par là au moment crucial… Non, de la publicité ! Pour une boutique de vêtements ne s’adressant qu’aux croyants vraisemblablement. Ce qui ne fait pas beaucoup finalement, un français sur 4 seulement déclarant que la religion occupe une place importante dans son quotidien. Une information supplémentaire que l’on ne voit pas ici : juste à côté de ce mur, à gauche, se trouve une école. Si elle avait été privée, cela aurait eu une autre portée ! Elle est laïque, dans la limite de l’exercice… L’injonction n’en a pas moins de sens. Car la tyrannie des belles fringues ou de marque a remonté le temps et s’exprime malheureusement dès le plus jeune âge, à en faire regretter la disparition de l’uniforme par les parents… Mais subitement, un doute m’occupe… De quel Dieu s’agit-il en réalité ? Naïveté avouée. Le Dieu d’aujourd’hui n’est-il pas cette sacrée société de consommation ? Et là, nous sommes tous croyants !

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… la photogénie naturelle des musées. Toujours le même, qui, après avoir honoré l’horizontalité, passe au vertical lumineux…

Les expositions temporaires du Musée d’art moderne de la ville de Paris, dont les collections permanentes sont en accès libre (ne pas hésiter à leur rendre visite…), m’a parfois (souvent ?), plongée dans une certaine perplexité, voire, comme dirait Dupont ou Dupond, dans une perplexité certaine… Il doit me manquer certains codes pour bien saisir toute la puissance de certaines des œuvres dépouillées présentées aux yeux de tous avec beaucoup déférence.

Dans ces cas-là, le plus énigmatique se trouve parfois dans le petit texte accolé à l’œuvre… J’en avais noté un à l’occasion de l’exposition de celles de Carsten Höller et Rosemaire Trockel (ce qui remonte à quelques années déjà). Juste une phrase : « Certaines pièces apparaissent comme la nouvelle formulation d’un dispositif montré précédemment dans un contexte différent, répondant ainsi à la nécessité interne du développement d’une réflexion. » Quelle structure alambiquée pour se défendre du fait que ce travail a déjà été exposé, et peut-être sous une forme moins aboutie ! Voilà, je me souviens avoir été agacée par ce pseudo snobisme contemporain. C’est toujours le cas ! Un de mes anciens professeurs d’université, un homme qui avait officiellement la tête dans les étoiles et qui du coup était souvent en retard, avait l’habitude de railler ceux qui utilisaient des mots compliqués pour dire des choses simples et se donner des airs plus intelligents… Il n’y a pourtant rien de déshonorant à être compris !

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Le Musée d’Art Moderne de Paris accueille, jusqu’au 2 mai, une exposition de photographies de Jan Dibbets. Et plus précisément, sa série Horizons. Une variation, assurément mathématique même si c’est transparent, sur la ligne, sur le dépouillement, et, d’une certaine manière, sur l’invention d’un autre monde. On peut lire, dans le petit fascicule livré à l’entrée des salles : « Intimement lié à l’histoire de l’art néerlandais, le motif de l’horizon a activement participé à son développement « abstrait ». Aussi, l’abstraction telle que la conçoit Dibbets doit-elle être envisagée dans la continuité de Mondrian, mais aussi des peintres du XVIIe siècle, selon des procédures qui visent à accentuer un processus de « représentation ». Elle ne témoigne de facto jamais d’un renoncement au monde et privilégie, au contraire, une approche transformatrice et recréatrice de la réalité. »

Evidemment, dans le cadre de cette démarche, l’artiste du pays plat et aux moulins à vent, n’aurait jamais posté son appareil face à cette éolienne, qui vient casser l’horizontalité parfaite de ses images. Mais la roue tourne et le clin d’oeil était trop tentant.

Tout comme l’envie de faire se rencontrer virtuellement les eaux de Santa Cruz et celles de Carmel, CA… Le pacifique océan semble animé par la même énergie à plusieurs mois et quelques dizaines de miles d’intervalle.

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