Photo-graphies et un peu plus…

Chacun a dans un coin, rond, de sa tête les fameux dessins alambiqués d’Escher. Maurits Cornelis pour les intimes. Vous savez, ces images très graphiques et d’une grande maîtrise mathématique, de constructions architecturales impossibles et obsédantes car de vrais labyrinthes pour l’esprit. L’analogie paraîtra sûrement un poil tiré par les cheveux à certains, mais, parfois, les distributeurs de papier toilette dans les WC publics me semblent être du même acabit : difficile de savoir où commence et où se termine le rouleau !

Osons… Vous avez bu trois thés coup sur coup, vous ne tenez plus, vous devez « faire vos besoins » comme l’on dit étrangement ou vous rendre dans « un endroit propice » comme le sifflait une ancienne prof de français. Direction le cabinet d’aisance public le plus proche. Le soulagement est total jusqu’à ce que vous n’approchiez la main du distributeur pour lui soutirer quelques feuilles. Malheureusement mais un classique du genre, rien ne pend. Vous faites faire un tour au rouleau, puis deux en quête de la petite feuille libre… Celle sur laquelle vous allez pouvoir tirer, souvent de façon trop énergique, pour récupérer plus de feuilles que nécessaire… mais ce n’est pas grave, vous n’êtes pas chez vous ! Ceci dit, en réalité, vous n’en êtes pas encore là : vous cherchez toujours le début du rouleau à qui vous avez déjà fait faire quatre tours, non sans une pointe d’énervement et un début de crampe dans les cuisses, la position tenue étant proprement inconfortable. Voilà que vous pestez contre les petites économies : si au moins, le papier était plus épais, vous arriveriez sans problème à l’attraper ! N’ayant cependant pas envie de rester plus longtemps dans cet espace communautaire et fatigué de jouer au hamster avec le rouleau de PQ, vous cédez à la facilité : vous agrippez un bout de papier sur le côté et le déchirez, créant ainsi un début de rouleau artificiel. Ce dernier ne ressemble plus à rien, mais vous êtes sauvé ! Quelle aventure !

Share on Facebook

Comme l’aurait dit Magritte, ceci n’est pas une photo. De fait, c’est un dessin. La photo serait d’ailleurs assez difficile à réaliser, d’abord pour des questions de droits à l’image, ensuite pour des raisons purement techniques, la luminosité et le mouvement du métro n’aidant pas à composer des images nettes. Le dessin a donc ses avantages… Ceci dit, celui ci est vieux. Peut-être une décennie. Probablement dix ans exactement même car c’est à cette époque, février 2002, que Métro a été diffusé pour la première fois en France, ouvrant la porte à une nouvelle presse, gratuite pour nous tous car financée totalement par la publicité. A cette époque, comme toute nouveauté, cette presse d’un genre embryonnaire mais plein de promesses s’était attirée les foudres de la « vraie » presse, entendez « sérieuse » car « payante », mais avait rapidement trouvé son public dans les rues ou à l’entrée des bouches de métro.

A cette époque, j’avais écrit ceci : « Drôle d’image que celle que recevrait un parisien ayant hiberné plusieurs mois et refaisant surface dans le métro à l’heure de pointe. Il verrait une foule de « transportés » plongée dans la presse… Mais pas n’importe laquelle… Des feuilles de chou gratuites comme « 20 minutes » ou « Métro ». Du zapping à portée de mains… Pour ou contre, là n’est pas vraiment la question… La gratuité de l’information n’a-t-elle pas ses limites ? Chacun s’arrache son journal avant de s’engouffrer dans l’antre de la ville et, jour après jour, chacun s’imprègne des mêmes informations, des mêmes partis-pris, des mêmes idées… Or, n’est-ce pas confrontés à la diversité des points de vue que nous apprenons à développer notre esprit critique, et par la même occasion, à être moins manipulables ? »

Douze ans après donc, la presse gratuite s’est institutionnalisée, multipliée, spécialisée, parfois équilibrée… Elle est partout, fait partie du paysage et du quotidien de l’hyperactif urbain sur-sollicité qui achève sa mue en pigeon (pas au sens péjoratif du terme), contraint qu’il est de picorer ainsi ça et là de l’information (les grandes lignes suffisent à lui donner une certaine image du monde dans lequel il évolue) mais aussi le reste de sa vie… A tel point que Direct Matin du jour s’offre une pleine page d’auto-congratulation dans son propre journal (le faire dans Métro ou 20 minutes aurait certes été mal accueilli mais auraient-ils refusé un contrat publicitaire ?) pour remercier ses lecteurs car grâce à eux, il est devenu le 1er quotidien de France avec plus d’un million d’exemplaires diffusés chaque jour en 2011. Malgré les réserves que l’on peut avoir à l’égard de ces journaux – en termes de contenu -, je ne peux m’empêcher de me dire, en voyant des jeunes plongés dans le journal le matin pendant leur trajet en métropolitian, qu’ils feraient certainement autre chose s’ils avaient dû le payer. D’où cette question : une information parcellaire ne vaut-elle pas mieux que pas d’information du tout ?

Share on Facebook

category: Actus
tags: , , , , , , ,

Share on Facebook

… ou le rêve de la maison individuelle… Se réalise-t-il dans le lotissement moderne à l’espagnole où chaque maison est la copie conforme de sa voisine, à la piscine près ? Aberration écologique en soi dans une région pour le moins aride où l’activité économique modérée ne semble pas justifier cet étalement urbain, ce qui le rend doublement aberrant en période de crise… Que reste-t-il d’individuel dans cette approche de masse ? L’horizontalité ? Qui fait qu’au lieu d’avoir toutes les cuisines, salles de bain, chambres les unes au dessus des autres, elles sont translatées de quelques mètres ? Jusqu’où peut aller notre désir de maison ? La question m’a été posée récemment. L’alternative cabane, greffée temporairement aux armatures métalliques du Centre Pompidou, joue la carte de l’extrémisme. La cabane dans la ville… Un jeu d’équilibriste !

Enfants, nous en avons dessiné des maisons, à la demande de nos maîtresses, de nos parents, et puis, petit à petit, de notre propre chef. Un rectangle, un toit pointu,  une cheminée qui fume (même en été), des fenêtres également réparties sur la façade, une porte au milieu. Parfois, un arbre à côté, une voiture, un chemin sinueux qui mène au perron, une barrière, une petite rivière en contrebas, voire un chien dans le jardin, des fleurs, beaucoup de fleurs, un escargot pour les plus pointilleux… Et parfois encore, une maman, un papa, une sœur, un frère, un bébé à la base, enfin, quelle que configuration familiale que ce soit. Selon ce qui figure ou pas sur ces dessins, les adultes en déduisent un certain nombres de choses et de destins, comme, par exemple : si les portes sont petites, c’est que l’enfant a des problèmes relationnels. On imagine aisément la panique de l’adulte découvrant une maison dont les fenêtres ont des barreaux, dont la porte est ouverte avec des flammes qui en sortent… La « maison », quelle que soit sa forme, concentre l’affectivité, la relation aux autres… C’est cette idée qui perdure avec les années : la maison, c’est l’endroit où l’on rêve de se sentir chez soi.

Share on Facebook