Photo-graphies et un peu plus…

Tous les chemins...

… mènent à elle. Temporairement.

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L'extension de soi

C’est l’histoire d’un interstice entre deux blocs de granite immuables et muets comme une tombe qui, après des années de bons et loyaux services à maintenir le vide et à respecter le silence entre ces deux-là, a subitement décidé de tirer un trait sur cette longue collaboration manifestement sans perspective pour assurer une mission bien plus valorisante à ses yeux : amener la lumière au cœur des ténèbres !

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Le prophète

Le photographe est une sorte de devin : il peut prédire les événements à venir avant même que leurs protagonistes principaux n’y soient confrontés. Ainsi cet homme et cette femme vont-ils se rencontrer dans les prochaines secondes mais ils ne le savent pas encore, et sont à mille lieues de l’imaginer. Il est en effet encore trop tôt dans la journée pour que leurs ombres projetées ne les trahissent et sèment des indices. Lui, avec sa grande foulée et son allure déterminée, avance vite. Elle, avec ses assiettes à la main et une maladresse chronique, use de beaucoup de précaution pour descendre les quelques marches qui la séparent du niveau où marche l’homme invisible. L’un dans l’autre, ils devraient mettre le même temps pour arriver au coin du mur, et être surpris par la présence respective et inattendue de l’autre…

Elle, instinctivement, va alors lâcher sa pile d’assiettes, en porcelaine, pile qui va bien naturellement exploser dans un fracas de mariage grec en une myriade de petits morceaux aux pieds du farceur, qui, à son tour, après les secondes réglementaires de cris d’effroi et de sursauts, va alors s’empresser de l’aider à rassembler les morceaux. Une fois un petit tas constitué, elle va alors faire demi-tour, tourner la clé de sa maison dans l’autre sens, l’ouvrir, disparaître dans la noirceur du couloir d’entrée et en ressortir à peine 2 minutes après avec un balai et une pelle. L’homme, se sentant un brin responsable de ce drame domestique, restera à ses côtés tout du long, et à l’issue de ce nettoyage à sec, chacun dans un sens, ils poursuivront leur chemin comme si de rien était…

Bien sûr, il suffit d’être placé au bon endroit et d’avoir deux yeux – voire un – pour faire le même récit… D’ailleurs, peut-être que rien de tout cela ne s’est réellement passé… Peut-être ne se sont-ils pas croisés, peut-être s’est-elle arrêtée à la dernière marche pour vérifier qu’elle avait bien sa lettre à poster dans son sac et, la tête baissée, peut-être n’a-t-elle même pas remarqué l’homme dans son champ de vision. Peut-être seulement…

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ça piaffe grave !

Ce n’est évidemment pas l’unique question qui m’est venue à l’esprit en tombant sur cette solide revendication couleur ciel taggée sur le mur d’une maison donnant sur une venelle, autrement dit, invisible depuis les hautes sphères où voguent les coupables, mais c’est la principale : à qui s’adresse ce message ? Aux premières concernées, les mouettes, qui, jusqu’à preuve du contraire, ne savent pas encore lire mais il faut se méfier avec le progrès ; savent-elles au moins ce qu’est l’écriture ? Aux humains qui subissent leurs cris incessants et stridents, qui pourtant valent mieux que des coups de klaxon intempestifs et des crissements de pneus ? Aux cinéphiles, qui ne sont ni des humains ni des mouettes donc, à qui cet amoureux modéré de la nature semble proposer, 41 ans après, un remake porno-gore du film de Robert Dhéry, Vos gueules, les mouettes ? Et pourquoi avoir pris soin d’écrire « mouettes » correctement et pas nique ? Hein ? En bref : pourquoi ?

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Suprême insulte

Il me lance, par mur interposé : « En fait, t’es une touriste ! Beurk ! ». Le « beurk » est presque inutile, la première partie de la phrase suffisant à donner le ton général de la pensée. Désagréable. Sur le coup, je suis piquée au vif – je vois un horrible personnage manquant de respect aux us et coutumes locales, tout critiquer, la peau orange sanguine et un T-Shirt Hard Rock Café Acapulco avec un tache de ketchup sur le haut de l’estomac alors qu’il est en Turquie -, je me sens agressée. Dans mon être. Dans ce que je suis. Dans ma substantifique moelle donc. Car, le touriste – comme s’il était universel et unique, genre LE touriste – n’a pas le vent en poupe ces derniers temps (cf 2e photo), en plus d’être connoté de façon péjorative. Et puis, LE touriste, c’est celui qui traverse la vie sans vraiment s’y arrêter, distraitement ; c’est, par extension, celui qui ne fait pas les choses sérieusement, c’est-à-dire de façon approfondie. Référons-nous à Ortolang. Selon le dictionnaire, le touriste est « celui qui fait du tourisme, qui voyage, pour son plaisir, pour se détendre, s’enrichir, se cultiver ». Franchement, il n’y a pas de quoi s’offusquer ! Et en descendant un peu plus dans la page : « Amateur, personne qui s’intéresse aux choses avec curiosité, mais d’une manière superficielle ». Il devait certainement penser à celle-ci, plutôt, même si, là aussi, cela ne le regarde absolument pas.

Je suis donc une touriste. Comme 1, 1 milliards de personnes en 2014. Et j’irais même plus loin car à vrai dire, à 12h54m41s, nous étions exactement 7 311 706 171 touristes sur Terre. (Ouverture de parenthèse : en écrivant cela, je ne laisse évidemment pas entendre que nous sommes tous heureux, si tant est qu’il s’agisse là de notre quête du Graal à chacun, ni que tout va bien dans le meilleur des mondes – à part celui de monsieur Huxley justement : je suis malheureusement lucide : notre monde part en vrille, à rendre neurasthénique tout optimiste chevronné, alors imaginez un peu les autres. Fin de la parenthèse.) 7 311 706 171 touristes sur Terre donc. Non que nous ayons souvent l’opportunité d’aller faire des treks au fond de Valles Marineris sur Mars ou de l’ULM au dessus de la Grande Tache Rouge sur Jupiter (attention, cette sortie-là est exclusivement réservée aux pros, la zone étant un gigantesque anticyclone – 3 fois la taille de notre planète – balayée par des vents à 600 km/h).

Mais enfin, même si nous partons du principe que la vie a un sens – ce qui reste à prouver -, à l’échelle de l’âge de l’univers – 15 milliards d’années grosso modo -, même en battant le record de longévité de tous les temps actuellement détenu par Jeanne Calment, décédée à 122 ans et 164 jours, et peut-être même Fatma Mansouri, qui serait née il y a 142 ans et toujours parmi nous – l’espèce humaine dans sa globalité – quelque part en Kabylie (j’emploie le conditionnel car la performance vitale ne semble pas avoir été homologuée par les autorités en la matière, et la dame, par ailleurs, ne ressemble pas à l’image que je me fais d’une personne vivant depuis près d’un siècle et demi, mais il faut se méfier des idées préconçues sur les ultra-vieux…), notre passage ici-bas est plus qu’infinitésimal. A peine un clignement d’œil. Nous ne faisons que passer – j’assume la trivialité de cette assertion -, en nous occupant plus ou moins sérieusement – le sérieux de l’un n’étant pas forcément celui de l’autre, les normes sociales venant s’immiscer dans les définitions -, en laissant plus ou moins une trace durable et marquante – on se passerait volontiers de certaines… La vie elle-même ne répond-elle pas à la définition du touriste plus haut ? Et George Brassens, oui George Brassens, n’a-t-il pas dit : « Rester, c’est exister. Mais voyager, c’est vivre. » ? Que je complèterai par cette courte et efficace sentence de Tony Wheeler, fondateur du Lonely Planet qui vendait déjà bien sa cam : « Tout ce que vous avez à faire, c’est décider de partir. Et le plus dur est fait. » Quoi, vous êtes toujours là ?

Suprême insulte

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Question de point de vueGénéralement, lorsque je décide de m’appuyer à une rambarde pour discuter nonchalamment avec des amis de la dernière carpe miroir pêchée, de la production de riz aux Philippines ou encore de la rencontre étonnamment bicolore des Rio Negro et Rio Solimões au Brésil, je veille à me poster face à la vue la plus ouverte sur le monde, pour que chacun puisse librement s’y ressourcer, s’y plonger et s’y évader entre chaque question. En aucun cas, un haut mur de briques rouges, quelle que soit mon attirance avérée pour ces parallélépipèdes rectangles ocres, ne fera l’affaire.

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A l'attaque !

– Mademoiselle !

– Mademoiselle ?

Cette question m’a l’air destinée. Je détache mon œil droit de mon viseur. Baisse mon appareil. Puis me tourne vers la voix. Une dame me regarde.

– Vous n’avez pas l’intention de prendre les enfants en photo j’espère ? me lance-t-elle, déterminée.

Soubresaut intérieur imperceptible de l’extérieur. Je n’ai presque pas encore réfléchi à ce qu’elle a bien pu imaginer que je ferais avec ces potentielles images qui ne m’ont pas traversé l’esprit ne serait-ce qu’une nanoseconde, mais je lui réponds, du tac au tac :

– Non, juste le « Défense d’éléphant » !

Logique, même si je vois du monde passer devant sans même le remarquer.

– Ah, très bien.

Et elle disparaît instantanément de mon champ de vision.

Quel brusque retour à la réalité alors que je savoure encore le fait que mes pas m’aient à nouveau conduite face à cette géniale métamorphose verbale à tendance exotique et humoristique découverte, fortuitement, deux nuits auparavant, sur les murs d’une école, donc ! En un clin d’œil, au lieu de converger vers mes fabuleux souvenirs de troupeaux d’éléphants évoluant librement en pleine savane africaine, mes pensées filent à Vancouver, un jour de forte pluie au printemps 2011. Je suis inscrite à la visite guidée d’un quartier universitaire. Le temps en a découragé la majorité. Aux imperméables aux aléas météorologiques, le guide tend une petite feuille résumant les consignes du parfait visiteur. L’une m’intrigue : elle stipule qu’au cours de cette errance architecturale, il est strictement interdit de prendre des enfants en photo sans l’accord écrit de leurs parents. C’est la première fois que je lis ce genre de recommandations, que je mets sur le compte de leur paranoïa, tout en me satisfaisant qu’en France, nous n’en soyons pas encore là. Mais les nord-américains ont toujours un peu d’avance sur tout. La preuve… A moins que je n’aie absolument pas conscience des dangers qui guettent les enfants à la sortie de l’école et qui les laisseraient littéralement sans défense.

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Rapports de force 1

Pour me retrouver fortuitement face à cette inattendue peinture murale qui m’a instantanément envoyée à 11 817 km de là 3 ans 4 mois et exactement 4 jours auparavant, il a fallu que je me laisse guider par plusieurs indices, non perçus comme tels sur le moment. Le premier ? Une irrésistible, autant qu’incompréhensible, envie de voir le minuscule Manneken-Pis avant de quitter Bruxelles. Le deuxième ? Fuir ledit lieu le plus vite possible en remontant la rue du Chêne, car totalement déserte. Le troisième ? Quelques dizaines de mètres plus tard, tomber œil à œil avec son pendant vêtu, géant et voyou peint sur un mur donnant sur une ruelle a priori sans intérêt.

Rapports de force 2

Le quatrième ? S’approcher pour prendre une autre photo sur laquelle ne figure pas le matériel rouge de Kontrimo. Et découvrir que la ruelle n’est pas si banale car elle ne donne sur rien. Plus précisément, il s’agit d’une impasse. Et au bout de cette impasse se cache une forêt. Celle ci-dessus. Une forêt bidimensionnelle. Une forêt de fiction en somme. En moi, une joie – cette sensation d’avoir découvert un trésor sans avoir eu à creuser, littéralement – teintée de tristesse – voilà où les hommes de la ville en sont rendus : peindre des arbres sur les murs pour faire venir la nature à eux. Et c’est à cet instant précis que m’est apparue le souvenir de cette vieille maison hawaïenne, méthodiquement mangée par les racines d’arbres immenses dont la croissance n’est entravée par personne… Quel magnifique contre-pied à ce mur bruxellois, que je suis toutefois heureuse d’avoir rencontré pour le lien indéfectible qu’il a permis de créer avec son écho hawaïen, illustrant ainsi des rapports de force diamétralement opposés entre le bâti et la nature.

Rapports de force

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S'enluminer

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Les grimplantes

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