Photo-graphies et un peu plus…

Le point de rupture

C’est, par exemple, ce moment très particulier et finalement très soudain où ce qui nous amusait, nous faisait sourire, nous attendrissait, nous charmait – un daim tout mignonnet chatouillant nos pieds découverts, fouinant dans nos sacs alimentaires ou léchant notre main en l’air – nous agace, nous fatigue, nous énerve, nous révulse, et, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, nous transforme en un affreux personnage aigri, impatient, sans humour ni autodérision. Ce moment très particulier où, en somme, la dernière goutte fait déborder le vase parce que nous n’avons pas tous les mêmes limites ni toujours conscience de celles des autres. Et bien, observé à une distance raisonnable, ce point de bascule est plutôt drôle !

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J'peux pas, j'ai piscine

… J’peux pas, j’ai océan

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Vous savez ce qui me plaît le plus ici ? Ce n’est pas tant que ces adultes oublient qu’ils le sont, ainsi que toutes les conventions connexes associées à cet état parfois trop sérieux, et décident, de fait, de dévaler cette dune haute d’une cinquantaine de mètres en courant, accueillant ainsi grains de sable et chutes éventuelles à bras ouverts. Non, c’est qu’ils s’y attèlent aussi joyeusement sachant qu’arrivés en bas, au niveau de la mer du Japon, ils devront la remonter. Et ce retour sera autrement plus long et difficile que cet aller…

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Wander in Tokyo

Les journées sont courtes, le froid est sec mais le soleil est là. Et la lumière, intense, réussit à trouver son chemin dans ce monde aux contrastes exacerbés donnant une aura instantanée à ceux qui la traversent. Ainsi en est-il de ce vieux chauffeur de taxi au volant de son inoxydable Toyota Crown qu’il conduit certainement depuis des décennies avec la même abnégation et le même sérieux…

Pour être honnête, je dois avouer qu’en marquant une courte pose à cet endroit, persuadée qu’il s’y passerait quelque chose, j’espérais que débarquerait dans cet interstice lumineux un col blanc en manteau noir et borsalino. Cela allait bien avec l’ambiance, certes un peu cliché mais de l’ordre du possible à Tokyo. Il n’est pas venu et c’est presque mieux car cette photographie, au-delà de son attrait esthétique, reflète deux réalités qui m’ont sauté aux yeux lors de ce premier séjour au coeur de la mégalopole japonaise : l’omniprésence des taxis – 50 000 parcourent les rues de la capitale nippone contre 18 000 à Paris – et le travail des seniors dans des proportions que nous ne connaissons pas de ce côté du monde – 1 personne de plus de 65 ans sur 5 travaille encore alors que le départ à la retraite des fonctionnaires volontaires vient de passer à 80 ans -, situation qui m’avait déjà interpelée lors de ma rencontre liminaire avec le pays du soleil levant… 

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– Bon, Balisto, arrête de sauter comme ça ! Tu vas te faire repérer !

– Mais je veux voir !

– Que veux-tu donc voir ?

– Je veux voir comment c’est, la vie, quand on a évolué !

– Ah… Et bien, tu vois, ils veulent tous retourner à l’eau !

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Se fondre dans le paysage

De l’importance des saisons en photographie… Qu’aurait donné l’image de ces trois cerfs – si, si, il y en a bien trois, regardez bien – en plein hiver sous la neige ou en plein été, sur un tapis d’herbe verte ? Quelque chose de plaisant, certainement, mais également de plus anecdotique que le trompe-l’oeil saisissant et poétique qu’offrent les humeurs de cette demi-saison où tombent les feuilles mortes…

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L'appeau qui s'effrite

Les cerfs sika du parc de Nara, l’une des anciennes capitales du pays du soleil levant, ont beau ne plus être considérés comme des messagers des dieux depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, ils n’en sont pas moins devenus des « trésors nationaux » au même titre que le sanctuaire d’Itsukushima, les Rouleaux des enfers ou encore la sculpture de la Déesse de la compassion aux 11 visages à Kyotonabe… A ce titre, ils sont protégés, chouchoutés et très, voire trop, régulièrement nourris par les visiteurs à base de Shika-senbei, de fines galettes de riz dont ils ont rapidement intégré la forme et l’odeur, et qu’ils ne lâchent pas des yeux dès lors qu’ils en ont repéré une au bout d’un bras ou même dans un sac. Un peu comme une guêpe aimantée par les effluves de romarin d’un poulet rôti que vous cherchez à manger tranquillement mais en vain au bord d’un lac lui-même au milieu de rien et abandonné de tous… Oui, ça sent le vécu !

Dans les deux cas, cela peut donner lieu à de curieux ballets, successions de pas en avant puis de pas en arrière, auxquels s’ajoutent quelques pas de côté : ainsi cette femme-patchwork, qui a acheté son sachet de biscuits avec la ferme intention de les offrir à une poignée de ces sacrés cervidés, voit-elle sa BA compliquée par la hardiesse et l’insistance de ce daim à épi. De telle sorte qu’au lieu de lui donner tout simplement son biscuit, et ainsi d’en finir au plus vite, la voilà qui le fait involontairement bisquer, ce qui le rend encore plus entreprenant, et elle encore plus hésitante, au point de se demander si elle ne va pas se contenter de le jeter en l’air pour se débarrasser de son inquiétude naissante…

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L'effet domino

J’aimerais savoir si quelqu’un a pris une photo de moi en train de prendre une photo de cette femme en train de prendre une photo de son ami dans cette position on ne peut plus naturelle qui m’inspire une pensée profonde : ne sommes-nous pas tous devenus des professionnels de la mise en scène de nous-mêmes ?

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Le superflu

Il y a quelques semaines, j’ai poussé la porte de la maison Tan Ky, à Hội An, au Vietnam. Une vieille maison traditionnelle datant du 18e siècle, fruit d’une subtile et magnifique combinaison d’architectures chinoise, vietnamienne et japonaise, et miraculeusement préservée à la fois du temps qui passe, des multiples assauts guerriers qu’a connus le pays, et plus récemment, des inondations récurrentes qui font monter le niveau de la rivière Thu Bồn toute proche à plus d’un mètre de hauteur. Passée l’entrée, le visiteur est pris en charge par une « personne de la famille » parlant sa langue, ce qui facilite grandement la compréhension de l’histoire de la maison déroulée pièce après pièce.

Arrive alors ce moment à l’origine de ce duo (symboliquement, une ampoule s’allume en moi, je ne sais pas encore où). Dans sa narration, la guide évoque le « vase de Confucius ». J’écoute et prends note. Ce vase aurait (au conditionnel car pour l’heure, je n’ai encore rien trouvé qui s’en fasse précisément l’écho) la particularité de se vider dès lors que l’on tente de le remplir à plus de 80%. J’imagine qu’à l’époque du maître chinois, on ne parlait pas en pourcentage – la trace la plus lointaine d’un signe équivalent remonterait en effet à 1425 – et que le récit a été modernisé pour être adapté à nos modes de représentation chiffrés. Avant Montaigne et sa modération, Confucius, et bien d’autres auparavant, nous rappelaient que la quête de ces derniers 20% – par ailleurs très complexe – était superflue, et que nous n’avions pas besoin d’eux pour être suffisamment comblés et heureux… A l’ère du toujours plus, de la sur-consommation-exploitation-spoliation… à outrance, de l’insatisfaction chronique voire pathologique, cette piqûre de rappel est plus que bienvenue. D’autant que 80%, c’est encore beaucoup trop !

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category: Actus
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Bleu à l'âme

J’ai cherché une idée, j’ai cherché une image et puis je suis tombée sur celle-ci et je me suis dit que ce serait celle-là. L’image de cette petite fille au bras tendu et à la main délicatement posée sur cette immense et épaisse vitre derrière laquelle se déploie un monde habituellement invisible. Et j’ai pensé : je voudrais que cette petite fille – vous, nous, moi -, qui devrait avoir la vie devant elle, puisse tranquillement continuer à observer ces milliers de petites bulles d’air remonter à la surface, à s’en s’émerveiller et, plus tard, à rêver d’ailes.

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