Photo-graphies et un peu plus…

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En l’espace de quelques mois, j’avais presque oublié l’existence de cette désagréable sensation… Celle de mes mains métaphoriquement en proie aux flammes de passer d’un extérieur très froid à un intérieur à température modérée, c’est-à-dire bien plus élevée que ce que le thermomètre accroché sur un battant des volets peut indiquer. La sensation de vive chaleur puis de picotement commence par les extrémités, par le bout des doigts, avant de progresser lentement mais inexorablement, phalange après phalange, vers la paume des mains, qui, comme des tomates en plein soleil, se mettent à rougir, gonfler puis à méchamment démanger. On dirait une soudaine poussée d’urticaire. C’est insupportable ! Les refroidir à l’eau froide n’y change rien, les frotter encore moins. Un mauvais moment à passer, comme pouvait l’être une anesthésie à l’ancienne chez le dentiste : une piqûre directement enfoncée dans la gencive ! Mais avec l’effet diamétralement opposé : là où cette dernière vise à insensibiliser totalement (ce que l’on espère vivement) la zone touchée, l’autre – l’amplitude thermique – exacerbe à outrance la sensibilité de nos appendices préhenseur, extrêmement utiles par ailleurs !

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Surface plane, à peine brisée par le vent d’ouest. Personne n’a encore osé mettre le pied dans l’eau. Et pour cause : il fait froid ! Très froid même. Il n’y a qu’à regarder comment sont vêtus les spectateurs à gauche du plongeoir pour s’en persuader. Ceux qui observent la scène hors champ, légèrement incrédules, présentent les mêmes caractéristiques vestimentaires. Blouson, gants, bonnet. De fait, je, tous, nous n’avons qu’une pensée : ces deux-là sont fous ou alors se sont lancés un défi du genre on va jusqu’à la bouée ou encore, veulent se faire porter pâle lundi ! A cet instant – photographique, car depuis, de l’eau est passée sous les ponts -, le voltigeur, même s’il ne se fait pas d’illusion quant à la température du liquide dans lequel il se jette, ne peut en effet anticiper l’ampleur du choc thermique qui va l’envahir lorsque son corps va se retrouver entièrement cerné par cette eau glaciale de piscine se remplissant au gré des marées et n’étant réchauffée que par un soleil manifestement absent ce jour-là… Pourtant, je, tous, nous, saisis par l’effroi, sommes parcourus de frissons simplement à le regarder faire !

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L’inexpérience et l’ignorance ont parfois leurs bons côtés… Ainsi, en préparant ce week-end de randonnée en raquette par -20°C (moins en fait, mais je ne voudrais pas vous faire peur), on avait pensé à beaucoup de choses – affaires de change, duvet, nourriture, bougie, eau, couverture de survie, chocolat, appareil photo, chargeur, allumette (ce n’est pas tout de penser à la bougie !)… -, je m’étais aussi beaucoup projetée sur ce que notre petit groupe allait pouvoir découvrir dans ce parc québécois à quelques encablures de Montréal – le froid le vrai, celui qui vous fige les poils de vos narines ; la marche en raquette, un vrai hobby de canadien ; des paysages féeriques où la neige serait souveraine, que nous traverserions dans un silence quasi religieux ; des animaux qui apparaîtraient, comme par enchantement, derrière des arbres, nous lanceraient un regard curieux avant de poursuivre leur chemin…

Mais j’avais omis un point extrêmement important qui, dès nos premiers pas, a envoyé ces images d’Epinal sur la très lointaine Ile aux rêves de profanes : marcher dans la neige n’est pas marcher sur le sable, bien que l’on s’y enfonce tout autant. Marcher dans la neige fait du bruit (dans le sable aussi, mais moins). « Fait du bruit », pas « émet un son », c’est différent, même si, dans le fond, c’est du pareil au même. Vous savez, c’est comme avec le lait que l’on a trop laissé refroidir : ceux qui n’aiment pas se plaignent de la « peau » qui recouvre sa surface et donne des hauts-le-cœur, et ceux qui aiment parlent de « crème » qu’ils se dépêchent de recueillir à la petite cuiller… Bon, et bien, dans certaines circonstances, la neige émet un son absolument magique lorsqu’on la foule. Dans d’autres, elle fait du bruit. En l’occurrence, un groupe, même petit, se muant avec de tels appendices aux pieds sur de la neige fraîche, produit à peu près le même résultat qu’une recherche, amplifiée bien entendu, d’une station radio en plein milieu du désert : cccrrrrrrr, ccrrrrr, ccrrrrr, tu dis ? cccrrrrrr…

Parce qu’évidemment, avec un tel vacarme autour de soi, impossible de s’entendre non plus, sauf si tout le monde s’arrête en même temps ! ccrrrrr, ccrrrrr, stttooooppppp lance l’un ; tout le monde s’arrête ; c’est beau, hein ? ; ouais, ouais… ; ccrrrrr, ccrrrr, ccrrrr ; maccrrr qucrrrr faccrrrr brccccrrr ; kestudi ? ; stttooooppppp !!! ; tout le monde s’arrête de marcher : je dis, oui, mais qu’est ce que ça fait du bruit !! Oubliée la communion silencieuse avec la nature, oubliées les sorties inattendues d’animaux de la forêt (on nous entend à 3 km !)… La rando en raquette, si elle est un ravissement pour les yeux, est un véritable calvaire pour les oreilles !

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Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest, Canada, sur le Grand Lac des Esclaves. « Sur » oui, pas « à côté » ou « près » ou « vers ». Marcher « sur » un lac ne peut, a priori, se faire qu’en hiver, à moins d’être doté de pouvoirs surhumains. Et l’hiver, à Yellowknife, il dure un temps certain. Suffisamment pour que l’eau qui emplit son immense lac se solidifie et qu’une couche de glace d’un mètre se forme. Suffisamment aussi pour que l’étendue d’eau gelée se mue en mythique route de glace de deux fois quatre voies…

A l’entrée de cette autoroute temporaire très spéciale, un panneau rappelle que le poids maximum autorisé est de 40 tonnes… De quoi rassurer durablement les poids plume que constituent les humains qui s’aventurent dessus, pour s’y promener, y faire du vélo, du chien de traîneau ou encore rallier le village situé de l’autre côté de la rive. Pour autant, cette surface n’en est pas moins vivante… Au passage de ce camion éructant sa fumée poisseuse, j’ai en effet senti l’épaisse couche de glace noire translucide déjà fendillée vibrer sous mes pieds et, malgré le vrombissement tonitruant de son moteur aux poumons sclérosés, j’ai entendu la glace craquer dans un grondement sourd inédit à mes oreilles. Un tonnerre glacial faussement effrayant et surtout, furieusement envoûtant…

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C’est ce moment où, après quelques semaines voire mois de froid, de cieux couverts et de jours écourtés, de saturation exprimée et de fatigue accumulée, le Soleil, attendu comme le Messie, daigne enfin mettre un terme à son long hivernage annuel et nous arrose de quelques rais chaleureux que nous accueillons tous, où que nous soyons, comme le signe de la résurrection… Le temps s’arrête alors : nous nous gorgeons de ses rayons avec délectation et y exposons chaque parcelle de notre peau blanchâtre, aussitôt ragaillardie. Cette sensation de chaleur pénétrante, soudain, sur celle qui est devenue notre carapace et qui se fendille minute après minute, est une merveille pure. Dès lors, tout redevient possible.

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J’ai réalisé cela il y a quelques jours à peine, avec un certaine autosatisfaction je dois l’avouer… Le temps de retrouver, dans ma mémoire, la photo qui corresponde parfaitement à cette petite découverte, et voici ! Roulement de tambour… Pourquoi dit-on d’un « pain frais » qu’il est « tout chaud » ?

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