Photo-graphies et un peu plus…

Je ne résiste pas à cette nouvelle confrontation, certes un peu grossière, des mœurs entre ces deux terres qui bornent les parties nord de l’Océan Atlantique. A l’heure où l’on parle à l’envi de manipulation des foules par la peur (une stratégie plutôt ancienne en réalité), la juxtaposition totalement anachronique de ces trois images peut laisser songeur. Direction Boston. Ville bourgeoise et calme, dont la réputation est en partie assurée par ses universités prestigieuses, Harvard et le MIT en tête. C’est à cette paisible cité qu’appartient l’abribus. « Ready for a disaster ? » Curieuse approche pour une publicité ? Une assurance peut-être ? Trois pictos assez explicites, des légendes courtes aux allures d’injonction et une adresse de site internet, très simple mais surtout gouvernementale. Il ne s’agit pas d’une publicité comme une autre, mais d’une sorte d’appel à la population générale pour l’encourager à se préparer au désastre… Dans une ville paisible donc. Toutefois, c’est souvent là où il ne se passe rien que l’on aimerait faire croire qu’il pourrait se passer des choses.

L’affaire resterait sans suite si cette annonce ne bénéficiait pas d’un plan de communication digne d’une boisson gazeuse à quatre syllabes. L’affiche, des plus sobres donc efficace, est partout, faisant presque croire à l’imminence du désastre annoncé. Pourtant, un petit tour sur le dit site nous apprendra que cette campagne existe depuis 2003, comme c’est étrange. On y apprendra aussi à se constituer un kit de réserves d’urgence, à préparer un plan familial d’urgence et à se tenir informé sur ce qu’est une urgence… Les plus angoissés pourront répondre à un quiz pour connaître leur Quotient de préparation. Mais de préparation à quoi ? Une liste des désastres potentiels – une petite vingtaine – figure évidemment sur le site, parmi lesquels les menaces biologiques, chimiques, les pannes d’électricité, les ouragans, les pandémies de grippe, les menaces nucléaires, les ouragans… Je ne trouve pas le mot « terrorisme » mais il est caméléon et vit sous d’autres noms. Car, c’est évidemment de cela dont il s’agit. Bon, il y a aussi les tremblements de terre.

Ce qui pourrait expliquer l’existence de l’affiche rose. Direction la côte Ouest et la non moins intellectuelle ville de Berkeley. On est en Californie, il fait beau mais on a la tête bien pleine. Zone pavillonnaire, et cette affiche rose donc. Bien plus petite que les affiches du gouvernement, mais du rose, ça attire l’œil à 10 mètres. L’idée ? Des réunions de quartiers pour se préparer collectivement à des séismes effectivement, mais pas uniquement. A des désastres, aussi. Un appel au bénévolat pour faire partie de la super équipe de réponse d’urgence… Face à ces deux discours, le réflexe un peu trivial a été de penser : « oh my god, it is so american !« . Cette façon de se préparer méticuleusement à la guerre même quand il n’y a pas d’ennemi. Evidemment, un peu de prévention ne fait pas de mal, et même plutôt le contraire. Et ce n’est pas avec nos sirènes de pompier qui sonnent tous les mercredis du mois que nous pouvons affirmer que nous sommes préparés au désastre. Mais, de toute manière, en France, on a réglé la question autrement : avec des affiches qui nous exhortent à ne pas avoir peur. Et s’il n’y a aucune raison d’avoir peur, il devient inutile de se préparer à ce qui pourrait faire peur… Et, là, il faut l’avouer, ce « N’ayez pas peur » fait finalement plus peur que le « Ayez peur » subliminal des Américains !

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C’est sur ce genre de détails que les publicitaires devraient mesurer l’impact de leurs annonces ! Une banale affiche A4 noir et blanc vantant les avantages d’un cours de boxe malto-thaï – un concept en soi à coup sûr – où, vraisemblablement, vous ne rencontrez que de jolies filles, sachant se défendre ! Et un trou net et sans bavure dans le carreau, juste au dessus, histoire de montrer à quel point (ah ah) cette publicité est tout sauf mensongère et que ce cours ne pourra vous donner qu’entière satisfaction ! Voici donc l’exemple parfait de pub coup de poing ! Une suite un peu cheap à Canular ? peut-être, mais surtout mieux pansée… euh, pensée ! Encore que, cette idée révolutionnaire, si elle ne coûte rien en papier, devrait faire le bonheur des vitriers !

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Souvent, en passant devant ce genre d’affiche légèrement désespérée, j’ai ri. Et ce n’est pas à cause des fautes d’orthographe. Evidemment, je suis très triste pour le propriétaire du chat, du chien, du doudou… Encore que le doudou ne cadre peut-être pas (ils ne sont pas si fous !) avec ce qui va suivre. Sauf si ce sont les enfants qui rédigent l’annonce… Donc, malheur ô malheur, un chat s’est égaré. Ces messages comportent un certain nombre de points communs. Un titre : Perdu. Ici, en anglais aussi car ville « bilingue ». Une photo de la bête, pas toujours à son avantage. Ici, un coup de flash dans les yeux et une copie en noir&blanc conférant à l’animal un air de vieux lapin ayant contracté la myxomatose.

Et puis, une expression : « chat/chatte répondant au nom de ». Ici, Gypsy… C’est cela qui m’arrache un sourire moqueur. J’imagine le promeneur qui est tombé sur l’affiche en allant chercher sa baguette matinale, et qui vient d’apercevoir une chatte blanche cachée entre deux voitures bleue et noire : « Gypsy ? C’est toi ? » lance-t-il innocemment. Et là, le chat, tout naturellement : « Casse-toi, pauv’ con ! Est-ce que j’ai une tête de Gypsy ? » Bah oui, le jour où un chat répondra à une question, c’est que nous aurons tous été absorbés par un dessin animé (Félix ?). Puis, il y a le bonus, propre à chaque annonce. Ainsi, ce que dit, à demi-mot, cette affichette est aussi que, si d’aventure, vous réussissez à trouver Gypsy, celle-ci vous griffera certainement. Agression dont il ne faudra pas lui tenir rigueur, car, malgré tout, elle est « tellement adorable » ! Eric a vraisemblablement quelque chose à se faire pardonner, mais il faudrait qu’une âme charitable lui explique que les chats ne lisent pas non plus…

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Dieu a dit : sape toi bien ! « Dieu a dit : sape toi bien » dit l’affiche ! C’est ce qui saute aux yeux quand on s’approche de ce mur situé à proximité du très parisien Canal Saint-Martin. Un large et haut mur qui invite à l’expression, à l’art éphémère. Ou au street art comme on dit maintenant. Et il en a véhiculé, ce mur, des images, des messages, des dessins, des graff… En attestent ces coups maladroits de peinture jetés à la va-vite par les services de la ville pour en faire disparaître la trace ; en attestent ces points blancs, autant de résidus d’affiches collées puis décollées par ces mêmes représentants de l’intégrité murale… Des expositions temporaires en permanence avec une équipe de décrochage gratuite ! La seule inconnue, c’est la durée de l’exposition…

Mais revenons à cet étrange message – Dieu a dit : sape toi bien ! – et à cette étonnante mise en scène – trois crucifix parallèles… Humour ? Je ne parle pas du monsieur qui passait par là au moment crucial… Non, de la publicité ! Pour une boutique de vêtements ne s’adressant qu’aux croyants vraisemblablement. Ce qui ne fait pas beaucoup finalement, un français sur 4 seulement déclarant que la religion occupe une place importante dans son quotidien. Une information supplémentaire que l’on ne voit pas ici : juste à côté de ce mur, à gauche, se trouve une école. Si elle avait été privée, cela aurait eu une autre portée ! Elle est laïque, dans la limite de l’exercice… L’injonction n’en a pas moins de sens. Car la tyrannie des belles fringues ou de marque a remonté le temps et s’exprime malheureusement dès le plus jeune âge, à en faire regretter la disparition de l’uniforme par les parents… Mais subitement, un doute m’occupe… De quel Dieu s’agit-il en réalité ? Naïveté avouée. Le Dieu d’aujourd’hui n’est-il pas cette sacrée société de consommation ? Et là, nous sommes tous croyants !

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Se promener dans les rues de Berkeley, comme dans beaucoup d’autres rues de villes américaines peut-être, peut réserver quelques surprises. De la lecture accrochée aux portes, aux fenêtres, plantée dans le jardin ou encore fixée aux grilles… Une lecture citoyenne où les habitants, par ailleurs invisibles, affichent leurs convictions politiques, morales, religieuses… En somme, leurs avis, quels qu’ils soient : « La lecture est sexy », « J’ai voté Obama », « On l’a fait » (qui est aussi le slogan de l’Armée des 12 singes mais pas ici), « Pour la proposition 8 », « Pour un système de santé équitable pour tous  » (ceux-la ont peut-être retiré leur panneau depuis cet été…), « Contre la guerre en Irak », en Afghanistan, la guerre tout court. Comme en atteste ce dessin vraisemblablement réalisé par une petite fille bien éduquée. En France, sur les portes, on trouve plutôt : « Attention, chien dangereux ! »… Oui, c’est facile… Non, en France, les opinions se clament lors de manifestations, en public, en groupe, avec force, sur des rails, devant des ministères, dans des champs, aux portes des écoles… En revanche, sur les fenêtres, rien, ou si peu. L’union fait la force… C’est, en tout cas, une manière totalement différente d’affirmer son existence et sa liberté de pensée, et de le dire !

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