Photo-graphies et un peu plus…
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J’ai déjà évoqué mon attirance pour certaines scènes, paysages, ambiances, qui ont sur moi l’effet d’un aimant. Cette image illustre l’un de mes autres sujets de prédilection : les objets en décomposition. Ruines décrépies (pas antiques malgré tout), vélos rouillés, bâtiments abandonnés, tables empoussiérées… Ces choses, fabriquées et chéries en leur temps par les hommes, puis laissées en pâture au temps car elles ont a priori fait le leur, je les trouve très belles. A leur manière, elles continuent à vivre, même si cela se traduit par des déchirures, des effondrements, des salissures. J’ai une tendresse infinie, que je ne m’explique pas encore, pour ces choses qui, en se décomposant, recomposent quelque chose de neuf. Probablement car elles sont chargées d’histoire et d’histoires.

A l’instar de cette ancienne buvette de piscine municipale finissant ses jours dans le jardin d’un château trois étoiles, nouveau propriétaire du terrain qui a pris soin de ne pas détruire ce qui, pourtant, pourrait gâcher la perspective de certains visiteurs. Il suffit de fermer les yeux quelques instants pour voir des enfants débouler en criant, d’autres faire des bombes dans la piscine et provoquer l’ire des liseuses alentour éclaboussées, des ados jouer au volley sous les arbres ; il suffit d’ouvrir les pavillons pour entendre les oiseaux chanter, les bébés gazouiller, l’eau gicler, les feuilles s’agiter, les citronnades couler, les mots s’échanger. Souvenirs de moments non vécus…

Tout cela n’est que le miroir de notre cheminement naturel. On naît, on grandit, on vieillit en fait. Mais ce mot, on préfère le garder pour plus tard, comme pour mieux conjurer le sens de la vie. Nos souvenirs sont ce qui reste. On met nos vieilleries de côté, dans notre champ de vision, mais pas trop, pour pouvoir les oublier de temps en temps. Et paradoxalement, on invente chaque jour de nouveaux moyens de contrer la flèche du temps, de faire durer plus longtemps (pas les objets, ce serait contraire aux principes économiques régulant nos sociétés occidentales et fondés sur la consommation à outrance), et d’effacer les stigmates de l’âge. Cela a quelque chose de triste. Comme une négation de ce qu’est intrinsèquement l’Homme. Heureusement, la réhabilitation des lieux désertés a la côte. Le début d’une deuxième vie pour certains… Quid de celui-ci ?

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